14 juillet 2014: Première participation des Algériens au défilé du 14 Juillet sur les Champs-Elysées

14/07/2014 20:49
 
l’Algérie a participé au défilé du 14 juillet.
 

Des éléments de la Garde républicaine d’Algérie ont participé pour la première fois au défilé du 14 juillet à Paris.

Ce lundi, le drapeau algérien a flotté sur les pavés des Champs-Elysées. Pour la première fois de son histoire, l’Algérie a participé au défilé du 14 juillet. Trois officiers de la Garde républicaine algérienne ont défilé aux côtés des autres nations étrangères .

Pour commémorer le centenaire du début de la Première Guerre Mondiale, 80 pays ont effectivement été invités par la France à l’occasion des festivités du 14 juillet. Parmi eux, l’Algérie. Une invitation qui n’a eu de cesse de susciter une polémique des deux côtés de la Méditerranée

VIDEO. Les Algériens se préparent au défilé du 14 juillet 

 

Source : Algérie-Focus du 14 juillet 2014

https://www.algerie-focus.com/blog/2014/07/photos-14-juillet-les-algeriens-ont-defile-sur-les-champs-elysees/?utm_source=Alg%C3%A9rie+Focus&utm_campaign=6f4e9ba0eb-RSS_EMAIL_CAMPAIGN&utm_medium=email&utm_term=0_1414bacf27-6f4e9ba0eb-20912221&ct=t%28RSS_EMAIL_CAMPAIGN%29

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Pour rappel : 

Actualités : 14 JUILLET 1958

L’UN DES ACTEURS DE CET ACTE DE BRAVOURE RACONTE

 

Comment nous avons déployé le drapeau algérien aux Champs-Elysées

 

Dans un témoignage poignant, Ammar Layachi raconte comment, il y a 56 ans, le 14 juillet 1958, l’emblème national avait été brandi lors du défilé sur les Champs-Elysées par un groupe de jeunes algériens aux cris de «A bas l’Algérie française,Tahia El Djazaïr».

«Je m’appelle Ammar Layachi, je suis né le 16 décembre 1940 à Bône. Je voudrais apporter mon témoignage et raconter comment le 14 juillet a été pour moi – et pour d’autres jeunes de mon âge.

— la date d’entrée en clandestinité contre le colonialisme français. En l’occurrence je voudrais raconter ma première action dans les rangs du FLN. Comment celle-ci avait été préparée et organisée une semaine avant.

En 1958, ce qu’on appelait “les événements d’Algérie” avait fait revenir au pouvoir le Général de Gaulle. Cette année-là, pour le traditionnel défilé du 14 Juillet, les autorités avaient décidé de faire venir en France 4 000 anciens combattants musulmans ainsi que 3 000 jeunes, pieds-noirs et “Français musulmans”. La France voulait ainsi glorifier et justifier aux yeux du monde le bien-fondé de la colonisation.

Nous étions de jeunes sportifs de 16 à 17 ans qui, le 7 juillet 1958, faisaient pour la première fois la traversée de Bône à Marseille par bateau. Jusqu’ à notre arrivée à Marseille, nous croyions naïvement que ce voyage était une sorte de colonie de vacances organisée par nos clubs. Nous ne savions pas encore que nous venions pour le défilé du 14 Juillet, pour crier “Algérie française !”.

Une fois à Paris, nous avons été pris en charge dans un camp de toile militaire situé à Maison Laffitte en banlieue parisienne. Malgré l’interdiction de quitter le camp, nous avons trouvé le moyen de “faire le mur” pour aller à Paris : notre but était de fuir et d’entrer en contact avec des responsables FLN de la fédération de France.

Il était impensable en effet de défiler en scandant «Algérie française !». Cependant, comment faire pour établir un contact. Où chercher ?

Nous avons alors marché dans le quartier latin, découvrant la ville, à la fois émerveillés et perdus. Des militants FLN, étonnés de cette inflation subite de jeunes musulmans dans les rues de Paris, nous ont abordés. Après avoir écouté nos explications, ils nous ont demandé de les suivre dans un établissement, “Le Tam-Tam” pour discuter plus tranquillement. Ledit établissement était tenu par le père de la grande diva algérienne Ouarda el Djazaïria.

Nous étions impressionnés par ces hommes déterminés et de toute évidence très bien organisés. Ils nous parlaient de leur engagement et nous voulions leur prouver que nous étions des leurs. Nous leur avons dit que nous n’irions pas défiler, que nous allions fuir. Ils nous ont écoutés. Puis ils nous ont dit qu’ils avaient une meilleure idée : il fallait au contraire participer, mais en donnant une autre tournure à l’évènement. Semer le trouble en brandissant l’emblème national algérien. Ils nous donnèrent des instructions très précises : les drapeaux qu’ils nous remettraient devaient absolument être brandis devant la tribune officielle. Ni avant ni après.

Le jour venu, le défilé a commencé normalement. Arrivés devant la tribune officielle et comme prévu, nous avons brandi les drapeaux algériens en criant et en répétant : “A BAS L’ALGÉRIE FRANCAISE ! A BAS L’ALGÉRIE FRANCAISE !”, “VIVE L’ALGÉRIE LIBRE ET INDÉPENDANTE !”,”TAHIA EL DJAZAIR !”.

L’effet de surprise a été total : les autorités françaises étaient tétanisées à la vue de l’emblème national. Cependant, pris de panique, certains camarades sont sortis des rangs. Ils ont été repérés et arrêtés par la police. Ils étaient facilement repérables avec leur tenue kaki.

Mon groupe était composé de 10 jeunes. Nous n’avions pas été arrêtés parce que, contrairement aux autres, nous n’avions pas quitté les rangs durant la cohue. Rentrés au camp, nous avons vite changé de tenue vestimentaire et pris la fuite pour rejoindre nos contacts FLN.

Trois mois plus tard nous étions acheminés clandestinement dans différentes directions : pour certains au Maroc, pour les autres en Tunisie. Nous allions grossir les rangs de l’ALN, accomplir notre devoir : lutter contre le colonialisme.

A peine sortis de l’enfance, nous venions de franchir un pas lourd de conséquences. Subitement, la conscience d’avoir laissé sur les quais du port d’Annaba une vie qui, désormais, appartenait au passé ; de ne peut-être plus jamais retrouver nos familles et nos repères.

Ce témoignage me donne enfin l’occasion de rendre un vibrant hommage à mes frères de la fédération de France qui, au péril de leur vie, nous ont hébergés, nourris, protégés et conseillés. Dans cet exil moral et géographique, durant cette épreuve d’entrée en clandestinité, nos frères à Paris ont été notre seule famille. Merci mes frères !»

Ammar Layachi, ancien membre de la Wilaya V historique.

Source : Le Soir d'Algérie

https://www.lesoirdalgerie.com/articles/2014/07/14/article.php?sid=165898&cid=2

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Il y a 61 ans … Le sang algérien coulait sur les pavés de Paris en fête

Le sang des travailleurs algériens a coulé le 14 juillet 1953, place de la Nation, à Paris. Le défilé organisé conjointement par la Centrale des syndicats français, la CGT, et le Parti communiste français (PCF), parti de la place de la Bastille, s’est terminé dans un bain de sang à son arrivée place de la Nation. Sous les tirs de la police française en embuscade, le sang de sept travailleurs, six Algériens et un Français, a arrosé les pavés de la place où se trouvait la tribune des dirigeants du PCF et de la CGT.

Des milliers de travailleurs algériens, ces « forçats de la faim » comme disait le poète Malek Haddad, défilaient ce 14 juillet aux côtés de leurs camarades de travail français. Un jeune médecin français témoigne : « Les manifestants (algériens) sont bien organisés, encadrés par un service d’ordre avec brassard vert du MTLD (Mouvement nationaliste dont le chef, Messali Hadj, vient d’être incarcéré). Ils scandent divers mots d’ordre et notamment la libération de Messali, ce que réclament notamment leurs pancartes, en même temps que la fin de la répression colonialiste et l’indépendance de l’Algérie… »

Devant la détermination des travailleurs algériens, la police française a tiré et tué sur le coup Abdallah Bacha, Abdelkader Trari, Tahar Madjine, Amar Tadjadid, Larbi Daoui et Mouloud Illoul et leur camarade français de la CGT, Maurice Lurot ; blessant une centaine d’Algériens dont quarante par balles.

Cette fusillade fut dénoncée dans le monde entier. Au congrès de la FMJD (Fédération mondiale de la jeunesse démocratique), qui s’est tenu quelques jours après à Bucarest, la capitale de la Roumanie, la délégation algérienne fustigea l’acte odieux commis par la France coloniale à travers sa police. Par la voix de son porte-parole, l’historien Mahfoud Kaddache, elle rendit hommage à la fraternité de combat entre les travailleurs algériens et les travailleurs français à travers le sang versé par les jeunes victimes de la tuerie.

A Alger, un comité de solidarité aux victimes du 14 juillet fut vite mis en place. Il fut constitué par les représentants des formations politiques nationales ainsi que des intellectuels et des personnalités en vue. Une foule immense assista, au port d’Alger, à l’arrivée des dépouilles des victimes auxquels un hommage solennel leur fut rendu.

Les obsèques dans leur ville natale furent suivies par une foule nombreuse. Depuis, à Paris, à chaque 14 juillet, lorsque défilent les policiers français, le souvenir des six travailleurs algériens et de leur camarade français, victimes de la barbarie coloniale, est là présent dans la mémoire des Algériens.

Mohamed Rebah

13 juillet 2014

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