5 juillet 1962, une journée si particulière

04/07/2014 20:08

 

 

 

        
                            
              
 
5 juillet 1962, une journée si particulière
 

LE MONDE | 04.07.2012 à 14h28 • Mis à jour le 03.04.2013 à 14h55 |

C'est un jour qui ne ressemble à aucun autre. En ce 5 juillet 1962, l'Algérie fête, dans la frénésie, l'indépendance que doit proclamer le soir même le général de Gaulle. Cent trente-deux ans jour pour jour après la prise d'Alger par les Français. Hommes, femmes et enfants défilent dans les rues, au cri de "Vive l'Algérie indépendante", vêtus de leurs habits de fête, drapeaux du Front de libération nationale (FLN) au vent.

"C'est quelque chose qu'on ne vit qu'une fois. On a vu tous les villages, toute la population venir, les hommes, les femmes. Ils dansaient, ils chantaient. On se rencontrait, on criait. C'était l'euphorie", se souvient Akli Gasmi, qui n'était alors qu'un jeune berger du village d'Oukhlou, en Kabylie maritime. La population goûte à la liberté retrouvée, les combattants de l'Armée de libération nationale (ALN) paradent dans les rues, les exilés préparent leur retour et les chefs politiques s'apprêtent à endosser le costume de gouvernants. Avec l'indépendance, arrachée après plus de sept années de guerre et la victoire du "oui" au référendum du 1er juillet, sonne l'heure de la délivrance.

Pour les combattants de l'ALN, le 5 juillet a concrétisé une victoire acquise depuis la signature des accords d'Evian entre la France et le Gouvernement provisoire de la République algérienne (GPRA), le 18 mars 1962. Dans le pays, le silence du cessez-le-feu a succédé au vacarme des combats, dès le 19 mars 1962 à midi."Le fruit de nos sacrifices avait déjà commencé à se traduire au moment du cessez-le-feu. Nous vivions dans l'idée que le pays allait recouvrer sa souveraineté. Pour nous, le 5 juillet annonçait une nouvelle ère", se remémore le colonel Salim Saadi, alors commandant de la région militaire nord de la frontière algéro-tunisienne. Posté dans la région du Tarf, l'officier n'attendait plus que le feu vert pour implanter ses troupes en Algérie.

Cette attente fiévreuse, le commandant Azzedine, alors à la tête de la Zone autonome d'Alger, ne l'a pas connue. Bien après que l'armée française eut sonné la fin des combats, il a dû mener une autre bataille. Une bataille sanglante contre la "politique de la terre brûlée" de l'Organisation armée secrète (OAS) qui, jusqu'aux derniers jours de juin, a multiplié les attentats et les attaques armées pour faire échouer l'abandon inexorable de l'Algérie française. "Le 5 juillet a été le couronnement de toute une lutte, salue-t-il. L'indépendance, contrairement à ce qui a été dit, ne nous a pas été octroyéeJe suis fier d'appartenir à ce peuple, il a fait une guerre merveilleuse."

Mais tous les habitants d'Algérie n'ont pas vécu de la même manière cette journée particulière. Le 5 juillet, à Oran, l'indépendance affiche un visage bien plus sombre. La ville, où les communautés musulmane et européenne vivent désormais coupées l'une de l'autre, se remet à peine des mois de terreur engendrés par les affrontements entre commandos de l'OAS et fedayin du FLN. La population célèbre une indépendance qu'elle espère annonciatrice de jours meilleurs, mais, en quelques heures, le cours de l'histoire va dérailler.

Une fusillade éclate au sein du défilé, rue d'Arzew, sous les yeux de Michel Guay, jeune appelé du contingent qui suit le cortège accompagné du photographe de son régiment. "Moi, j'étais dans une 2 CV. On s'est retrouvé à plat ventre sous la voiture. Ça pétait de partout. Tout le monde a cru que c'était l'OAS qui provoquait ces événements-là, donc il y a eu des représailles terribles contre la population européenne", raconte-t-il. Des remords dans la voix, il assène : "L'armée avait interdiction d'intervenir et même la gendarmerie n'a pas bougé d'un poil." Les massacres feront plusieurs centaines de morts et de disparus.

Le 5 juillet à Oran est pour les Français d'Algérie une des pages les plus noires de leur histoire de l'indépendance algérienne. Pour ceux qui n'avaient pas encore pris le chemin de l'exode, la perspective de pouvoir rester vivre dans le pays nouvellement indépendant se fait plus incertaine, malgré les garanties qu'on leur avait données aux termes des accords d'Evian.

Nombre d'entre eux imaginent déjà n'avoir plus qu'une seule alternative : "la valise ou le cercueil". Quand Pierre Massia, quatrième génération d'une famille franco-espagnole installée à Oran, embarque sur un bateau en direction de Marseille, le 4 juillet au soir, il pense que ce n'est que pour un aller-retour. "Je m'étais dit : on achètera quelque chose en France mais on travaillera en Algérie. Quitte à alle rpasser un mois ou deux en France avant de revenir", assure l'ancien directeur des cafés Nizière. Avant de conclure, laconique : "Et puis, ça s'est pas fait."

Cette histoire de déracinement et d'exil, les pieds-noirs la partagent douloureusement avec ceux qui parmi les supplétifs musulmans de l'armée française ont réussi à fuir vers la France. "Le jour où j'ai pris l'uniforme, les civils ne me regardaient plus. On n'est plus algérien", regrette Saïd Derrough, un ancienmoghazni, supplétif dans la Section administrative spécialisée de Hama Boutaleb, aujourd'hui installé à Pignans, dans le Var. A l'indépendance, l'avenir qu'il s'était choisi deux ans plus tôt est scellé par ses compatriotes. Incarcéré par le FLN à la prison de Lambèse, en Algérie, il comprend, ce 5 juillet, quel destin tragique l'attend. "Dehors, c'était la fête. Ils chantaient "Vive l'Algérie indépendante ! A mort les harkis !" Nous, on s'est regardés, et on a pensé qu'on était foutus."

Les harkis se retrouvent du côté des vaincus de l'histoire, mais ils ne sont pas les seuls. Certains, même dans le camp des partisans de l'indépendance, ne profiteront pas longtemps du bonheur de la victoire et feront partie des laissés-pour-compte. Car une violente lutte pour le pouvoir se déroule au grand jour entre les soutiens du GPRA, mené par Benyoucef Benkhedda et ceux d'Ahmed Ben Bella, appuyé par l'Etat-major général (EMG) du colonel Houari Boumediene.Pour Moh Clichy, ancien responsable de la zone nord de Paris au sein de la Fédération de France du FLN, l'histoire du nouvel Etat s'est écrite à tort sans les militants de l'immigration. "En 1962, il y a eu une déviation. Le GPRA a été disloqué. On faisait partie de cet ensemble et quand il a été disloqué, on s'est retrouvés livrés à nous-mêmes. Et, depuis, on a été mis de côté, je dirais même marginalisés", regrette-t-il.

Des regrets, le commandant Azzeddine n'en a pas vraiment. En août 1961, il a fait un choix. Celui de quitter son poste d'adjoint chef du colonel Boumediene, au sein de l'EMG, et de rejoindre le maquis, en signe de refus des "magouilles " qui se tramaient déjà. "Boumediene ne me l'a jamais pardonné", dit-il, soulignant, dans un sourire, l'ironie de son histoire : "En 1962, j'avais 28 ans. J'ai été éliminé. Et, par Boumediene et, par Ben Bella. Je suis le plus jeune retraité de l'Algérie... Et sans indemnités."

Visionnez, à partir du 4 juillet, à 18 heures, le webdocumentaire Indépendances algériennes. Neuf témoins racontent leur été 1962 à l'occasion du cinquantième anniversaire du 5 juillet. Produit par Lemonde.fr, l'INA et Elwatan.com

Retrouvez aussi l'ensemble des contenus du "Monde" sur l'indépendance algérienne.

Hélène Sallon

 

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Le 5 juillet 1962 l’Algérie fête son indépendance

 

L’Algérie, officiellement la République algérienne démocratique et populaire (RADP), Après 132 ans de colonisation française elle obtient son indépendance le 5 juillet 1962.

L’indépendance de l’Algérie est donc proclamée le 5 juillet 1962 après 132 ans de colonisation française. Elle a débuté le 14 Juin 1830 avec le débarquement des forces françaises sur la côte de Sidi Fredj. Retour en images sur les premiers jours de l’Algérie indépendante. Après la signature des accords d’Evian le 18 mars 1962 et la proclamation du cessez le feu le lendemain, il va falloir moins de quatre mois à l’Algérie pour accéder totalement à son indépendance. L’éxecutif provisoire est mis en place en en avril 1962 à Rocher Noir (Boumèrdes), puis le 1er juillet 1962 aura lieu le référendum d’autodétermination : 99.7 % en faveur de l’indépendance. Elle est proclamée le 5  juillet 1962.

Document de signature du traité 18 mars 1962. 

Dans quelques jours , le 19 mars 1962 nous feterons le 48 ème anniversaire des accords d'évian qui ont mis fin à une guerre qui a duré près de 8 ans et au cours de laquelle des milliers d'algériens ont perdu la vie pour recouvrer l'indépendance de leur pays. En cherchant dans le net , je suis tombé sur la copie de la feuille de signature des accords. La voici !

LE 5 JUILLET C’EST LA FETE ! RETOUR SUR IMAGES

Alger est en liesse ce jeudi 5 juillet. Dans les rues, des milliers d'hommes, de femmes et d'enfants défilent en brandissant le drapeau vert et blanc, frappé de l'étoile et du croissant rouges. Perchés sur les voitures, entassés sur des camions, juchés sur des mobylettes, accrochés aux fenêtres et aux portières des autobus, ils sillonnent les artères de la Casbah, de Bab el-Oued et de Belcourt en scandant « Tahya Djazaïr » : Vive l'Algérie ! Après cent trente ans de colonisation française et sept ans d'une terrible guerre, l'Algérie accède à son indépendance. « Ce fut une fête énorme, tonitruante, formidable, déchirante, d'un autre monde, écrivait Jules Roy dans Mémoires barbares. Des hauts de la ville jusqu'à la mer, les youyous vrillaient le ciel. C'était la nouvelle lune, comme en juillet 1830, lorsque les troupes du général de Bourmont étaient entrées dans Alger. Pour nous qui partions, c'était la lune de deuil. » À vrai dire, cette lune de deuil pour les uns, ce jour de gloire pour les autres, commence le 18 mars 1962, à Évian en France. C'est là que les ultimes pourparlers entre le FLN (Front de libération nationale) et les représentants du gouvernement français s'achèvent en fin d'après-midi. Krim Belkacem, ministre des Affaires étrangères du GPRA (Gouvernement provisoire de la République algérienne), Louis Joxe, Robert Buron et Jean de Broglie, négociateurs désignés par le général de Gaulle, procèdent à la signature des accords d'Évian. Le soir même, à Tunis, le président algérien Benyoucef Benkheda peut ainsi proclamer triomphalement cette « grande victoire du peuple algérien ». À Paris, au même moment, de Gaulle annonce la fin des opérations militaires et l'entrée en vigueur d'un cessez-le-feu sur tout le territoire algérien à compter du lundi 19 mars à midi. Exténués par de longues années de combat, les maquisards déposent les armes, heureux de regagner leurs douars et leurs villages. Les dirigeants politiques algériens, eux, n'en finissent pas de s'entre-déchirer dans une impitoyable course au pouvoir. La guerre est finie, mais une longue période de désillusions et de batailles fratricides commence. Les Français partent par milliers, abandonnant terres et biens, tandis que les Algériens se réapproprient leur pays. De son côté, l'OAS (Organisation armée secrète), constituée en février 1961, refuse d'abandonner « l'Algérie française » et jure de tout mettre à feu et à sang. En attendant le jour de l'indépendance, l'Algérie connaîtra des moments glorieux, mais vivra aussi des heures dramatiques. Le 8 avril 1962, les Français de métropole approuvent à une large majorité - 90,7 % de oui - les accords d'Évian. De ce scrutin, de Gaulle tirera la conclusion qui s'impose : « Le référendum règle le problème algérien. » Le 1er juillet, les Algériens votent à leur tour. À la question : « Voulez-vous que l'Algérie devienne un État indépendant, coopérant avec la France dans les conditions définies par les déclarations du 19 mars 1962 ? », 99,7 % des votants répondent favorablement. Une page d'histoire se tourne. Alors qu'à Paris, à l'issue du Conseil des ministres du 3 juillet, le général de Gaulle reconnaît solennellement l'indépendance de l'Algérie, les ministres du GPRA débarquent à Alger en provenance de Tunis. Escorté par des motards, le cortège traverse la ville pour rejoindre le centre de la capitale. Tout au long d'un parcours de 20 kilomètres, une foule immense brandit une forêt de drapeaux et acclame ses héros. Et lorsque la délégation officielle accède au siège de la préfecture d'Alger, le ministre Saad Dahlab s'exclame : « Cette préfecture, nous y entrions il y a quelques années, mais les menottes aux mains. » C'est la fin d'une longue nuit coloniale. Le 5 juillet, la foule poursuit les célébrations. Le lendemain, comme pour appeler le peuple à retrousser ses manches, les journaux annoncent la reprise du travail. En vain. Les Algériens descendent de nouveau dans les rues pour manifester leur joie. Le peuple a tellement soif de liberté qu'il ne prête guère attention aux bruits de bottes qui résonnent à l'ouest du pays. Là, Ahmed Ben Bella achève de sceller son pacte avec l'armée avant d’entamer sa marche sur Alger pour conquérir la pouvoir.

 

Kacem

Dimanche 4 Juillet 2010 - 00:01

https://www.reflexiondz.net/Le-5-juillet-1962-l-Algerie-fete-son-independance_a6652.html

A consulter aussi ces liens:

Le 5 juillet 1962 l’Algérie fête son indépendance - 04/07/2010 

 La République des tortionnaires issue du siècle des lumières - 04/07/2010 

 AU NOM DU SOUVENIR : Prisons Françaises ou l’enfer des damnés - 04/07/2010