840.000 Algériens ont quitté le pays sous Bouteflika contre 110.000 dans la décennie 90

13/03/2015 18:38
Diaspora algérienne, entre déportation et Moh prend ta valise !
 
« L’immigration n’est pas un choix, demeure un acte de survie, de résistance et de rébellion. (Brahim Gater) »
« Ô Emigrant ou vas-tu ? Finalement, tu dois revenir
Combien de gens ignorants ont regretté cela avant toi et moi. »
(Ya rayah win msafar trouh taâya wa twali
Ch'hal nadmou laâbad el ghaflin qablak ou qabli)
(Dahmane El-Harrachi, paix à son âme)
 

En hommage à ces grandes icônes de la chanson algérienne tranchées dans le monde de la diaspora. elles sont reconnues et respectées pour leur génie par la société des nations et les cercles des arts, leurs productions artistiques et littéraires sont traduites dans plusieurs langues et cultures, font partie de notre patrimoine culturel et font honneur à notre pays, ces hommes et femmes ont défié le déraisonnable de nos politiques par leur amour à la patrie, par leur attachement aux valeurs humaines et par leur respect à notre peuple.
Par ailleurs, Ils ont vécu l’amertume de la privation de la terre natale, la déportation par les pouvoirs du colonialisme et ceux de l'indépendance, l’exclusion sociale, l’interdiction de séjours pour raison d’opinion et la censure à la limite de l’arbitraire par le pouvoir de Boumedienne et sa politique du tristement célèbre Kararna. Un pouvoir qui a muselé le peuple pour le réduire à l'état esclavagiste intellectuel et coloniser sa liberté d’expression.
Ces grandes voix formatées dans notre mémoire collective, ont évolué dans les parcours forcés de l’exil, dont Slimane Azem, Cheikh Nourredine, Cheikh El Hasnaoui, Mohamed Mazouni, H'nifa, Aït Farida, Bahia Farah, Houcine Slaoui, Dahmane El Harrachi, Akli Yahiaten, Kamel Hamadi Mohamed Jamoussi, Missoum, Salah Saâdaoui, Idir et tous ces autres qui continuent à se produire sur les grandes scènes de toutes les régions du monde et à apporter du bonheur et de la nostalgie à notre diaspora ; le café de Barbes de Paris, la rue Jean Talon de Montréal et Finsbury Park de Londres,le quartier chinois de Barcelone en Espagne, la place du marché Maddalena à Naples en Italie, etc.
L’exil est aussi chanté par leurs confrères qui sont restés en Algérie, confinés dans l’interdiction de parler le langage du peuple, soumis à la répression du régime dictatoriale d’Alger en l'occurrence El-Hadj M’hamed El Anka, Matoub Lounes, Baaziz, Lotfi Double Kanon et leurs pairs.
Les paroles sages de nos artistes illuminent notre quotidien et offrent un enseignement éducatif, politique et patriotique aux enfants du peuple. Ces immortels représentent notre Algérie sincère et pure, ces citoyens authentiques portent notre pays dans le cœur et ils le chantent avec amour. Tandis que, ces autres puisent dans les richesses de notre Algérie sans aucune vergogne et s’attachent au pouvoir jusqu'à la dernière minute de leur vie. Ces personnes chutent dans le réceptacle de l’histoire le jour de leur fin et ne restera de leur pouvoir qu’un tombeau marbré et facturé sur le trésor public.
Notre diaspora est accueillie à l'aéroport d'Alger sous l’identification de " z’magras ", Ils nous accusent d'être responsables de la dévaluation du dinar, de l’inflation en Algérie, de la dégradation de l’environnement social, culturel et politique. Sur cet axe, nous sommes accusés d'être des vecteurs de la démocratie, de la modernité, de la francophonie, de la science et de la technologie et finalement des " mouchaouichines ". Par ailleurs, Nous trainons constamment l’invitation de ces pays d’adoption pour abandonner notre résidence à la baguette de (Moh prend ta valise) et à tout moment nous pourrions se désinscrire de nos droits de sol.
Face à la montée des courants d’extrême droite et à la flexibilité politique de l’extrême gauche, notre diaspora est prise dans l'étau de la défense de l’identité nationale, celle de l'insécurité et de la protection de la main-d’oeuvre nationale. Nous sommes à l’intersection du questionnement, et notre devoir est de revenir à nos sources et à nos droits de sang pour lesquels des millions de nos chouhadas sont morts.
Nous sommes responsables et nous serons jugés pour la déperdition de nos enfants car nous représentons le lien incontestable et la courroie de transmission de la patrie avec toutes les générations nées sous le chapiteau de l’immigration.
La diaspora algérienne est née de l'échec incontestable de la gestion des affaires politiques, économiques, culturelles et sociales de l'Algérie indépendante. Ces pouvoirs de l'incompétence ont pillé et vidé notre pays de toutes ses substances, continuent à pousser les enfants du peuple à quitter la terre de leurs ancêtres par l’instauration d’un climat de terreur, du non-droit, de l’incertitude et par l’ouverture sous la couverture des services de l'Etat des cabinets d’immigration chargés de déporter en masse nos compétences pour peupler d’autres territoires. Le pouvoir de Bouteflika signe une loi-cadre pour prendre en charge le retour de nos corps sans vie dans le cadre de sa politique de bienfaisance.
L’immigration n’est pas une joie et ne représente pas une réussite certaine. Elle est un sacrifice incommensurable et se termine par une usure physique et morale à la limite de l’inconscience et de l’usure de nos forces.
“ Ma ad tedduḍ ad nṛuḥ
, A Muḥ a Muḥ
Temẓi-inu tṛuḥ d akweṛfi
Deg Metro daxel uderbuz   
Lpari tahkam fell-i
Waqila tesɛa lehruz "
(Slimane Azem, paix à son âme)
 
Une chanson de Slimane Azem, pour décrire la dureté de l’immigration, une immigration confinée dans des tunnels et des souterrains. Il chante le fait qu’il a promis de revenir un an après son départ voire deux au maximum. Et finalement, il est resté 10 ans sans nouvelles.

Brahim Gater

In le Matin du 11/03/2015

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RENNES ALGÉROISE
Rennes algéroise est un documentaire sur la diaspora algéroise de Rennes. Il a été réalisé dans le cadre de la spécialisation image de la licence TAIS/CIAN.
Tahar Ait Abdelmalek, algérien rennais, nous fait découvrir les richesses de la communauté algérienne rennaise à travers diverses rencontres. Ensemble, ils nous dévoilent alors la diversité, la pluralité culturelle, ethnique, religieuse, de cette communauté authentique et généreuse.
Pour en savoir plus retrouver cette vidéo sur l'aire d'U, la plateforme de diffusion multimédia de l'Université Rennes 2.
https://www.lairedu.fr/rennes-algeroise/
Date de réalisation : 1 Janvier 2006
Durée du programme : 25 min
Classification Dewey : Mouvements de population. Migrations, Groupes sociaux
Catégorie : Documentaires
Niveau : Tous publics / hors niveau
Disciplines : Langues, Littératures et Civilisations étrangères
Collections : Travaux d'étudiants
ficheLom : Voir la fiche LOM
Auteur(s) : Licence TAIS/CIAN Promotion 2006
producteur : Université Rennes 2
Réalisateur(s) : Licence TAIS/CIAN Promotion 2006

Voir aussi
DANS LES MURS DE LA CASBAH
UNE IMMERSION DANS LE MYTHIQUE QUARTIER D'ALGER
La Casbah d’Alger porte dans ses murs autant l’Histoire du pays que les problématiques urbaines de l’Algérie moderne. Symbolique de l’identité algérienne, elle se meurt peu à peu entre une rénovation complexe et une urgence sociale criante. La Casbah ne se livre pas d’emblée. Mais au cœur de ses ruelles se racontent des histoires. Derrière ses murs épais, elle cherche son avenir, entre une mémoire vivante et des rêves esquissés. Une immersion dans le mythique quartier d’Alger. Le webdocumentaire ‘Dans les murs de la Casbah’ offre une exploration inédite et interactive du mythique quartier d’Alger. Il s’appuie sur les recherches d’universitaires algérois et rennais en sociolinguistique urbaine, une discipline qui étudie le champ urbain sous le double rapport de l’espace et des langues.

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840.000 Algériens ont quitté le pays sous Bouteflika contre 110.000 dans la décennie 90

HuffPost Algérie

Publication: 20/09/2014 14h56 CEST Mis à jour: 26/09/2014 20h44 CEST

930.000 personnes nées en Algérie vivaient à l'étranger en 1990. Le chiffre passe à 1.040.000 en 2000 et 1.710.000 en 2010 pour s'établir à 1.770.000 en 2013.
Les chiffres sont tirés d'une carte publiée le 2 septembre par le think tank américain Pew Research Center et se basant sur les données de l'Office de la migration internationale des Nations Unies. La carte détaille les pays d'origine et de destination des flux migratoires dans le monde.
930.000 personnes nées en Algérie vivaient à l'étranger en 1990. Le chiffre passe à 1.040.000 en 2000 et 1.710.000 en 2010 pour s'établir à 1.770.000 en 2013.
Les chiffres sont tirés d'une carte publiée le 2 septembre par le think tank américain Pew Research Center et se basant sur les données de l'Office de la migration internationale des Nations Unies. La carte détaille les pays d'origine et de destination des flux migratoires dans le monde.
La Division de la Population au sein de l’ONU, donne le qualificatif de migrant international a une personne qui vit depuis au moins une année dans un pays autre que celui où il ou elle est né(e).
Les chiffres confirment en données brutes que la crise violente des années 90 a été le début d'un nouveau grand flux migratoire des Algériens et s'est poursuivie dans les années 2000 marqué par un reflux des violences.
Les années 2000, sous le règne de la "réconciliation" et malgré le reflux des violences ont connu un renforcement de ce mouvement d'expatriation.
Entre 1990 et 2000, alors que les violences étaient généralisées il y a eu un accroissement très modéré de 110000 nouveaux expatriés algériens.
Mais dans les années 2000 dites de "réconciliation" ou de "paix relative" sous le règne de Bouteflika, ce sont 670000 nouveaux expatriés qui se sont rendus en Europe, en France notamment, ou en Amérique du Nord (Canada). Entre 2010 et 2013, ce sont 60.000 nouveaux expatriés qui ont été enregistrés.
Ainsi contrairement à une idée reçue, le grand départ n'a pas eu lieu dans les années 90 mais dans la décennie 2000 de Bouteflika. Mais les années 90 ont bien été les déclencheurs d'un mouvement qui n'a pas été stoppé par le reflux des violences.
Fuite des élites
Les données fournies ne donnent pas de détails sur le profil des expatriés mais on sait que ces deux décennies ont été celle d'une hémorragie grave dans l'encadrement et les élites universitaires.
Le tableau des migrations confirme un peu l'hypothèse émise par des chercheurs que l'Algérie a perdu durant ces deux décennies une grande partie des cadres formés dans les universités du pays dans les décennies 70 et 80.
La France représente la principale destination des Algériens, Marocains et Tunisiens qui quittent leur pays d’origine. En tout ce sont 2.780.000 migrants maghrébins qui se sont établis en France entre 1990 et 2013, soit 37% des immigrés qui vivent dans ce pays, formant la communauté maghrébine la plus nombreuse à l’étranger.
Les diasporas tunisienne et marocaine se répartissent plus ou moins équitablement entre les pays européens. 930.000 Marocains vivent en France contre 750.000 en Espagne, 430.000 en Italie et 170.000 aux Pays-Bas tandis que 390.000 Tunisiens vivent en France, 120.000 en Italie et 30.000 en Allemagne.
La répartition est beaucoup moins équilibrée pour l'Algérie. Sur les 1.770.000 Algériens vivant à l’étranger, 1.460.000, soit 82%, se trouvent en France. La deuxième communauté algérienne à l'étranger la plus nombreuse, loin derrière celle de l’Hexagone, se trouve en Espagne qui compte 60.000 immigrés algériens.
Immigration intermaghrébine, algérienne surtout
Les Algériens quittent également leur pays pour vivre chez les voisins. Les chiffres, peu précis, indiquent que 20.000 se sont établis au Maroc et 10.000 en Tunisie entre 1990 et 2013. Ils représentent les communautés d’étrangers les plus nombreuses dans les deux pays.
Le flux migratoire des maghrébins vers l’Algérie est moins important. Le nombre de Marocains vivant en Algérie est inférieur à 10.000 et celui des Tunisiens encore plus bas : il ne dépasserait pas les 1000.
L’Algérie accueille plutôt les réfugiés, notamment du Sahara Occidental (100.000), suivie de la Palestine (60.000) et de la Somalie (20.000). Le nombre total d’immigrés vivant en Algérie est estimé à 270.000, loin devant les 50.000 au Maroc et les 40.000 en Tunisie.

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Le film documentaire " La Traversée " fait escale à Alger

 

HuffPost Algérie    |  Par Nejma Rondeleux

Publication: 13/07/2014 19h15 CEST Mis à jour: 20/09/2014 16h43 CEST

Huit ans après sa diffusion à la télévision et un an après sa sortie en salle en France, le film La Traversée a été projeté vendredi 11 juillet à Alger.
"C'est une traversée au long cours ", souligne la réalisatrice de 46 ans attablée au milieu du jardin en fleurs du centre diocésain des Glycines à Alger. C'est ici que le film a été projeté l'avant-veille devant 150 personnes. Le jardin était plein. "Il a même fallu rajouter des chaises", ajoute Elizabeth Leuvrey, comblée par cette rencontre algérienne. "Je tenais beaucoup à ce que ce travail soit présenté ici et à le partager avec les Algériens", témoigne la réalisatrice. "J'ai eu de très bon retour et comme à chaque projection, deux ou trois personnes sont venues me raconter leur traversée à l'issu du film, avec des détails très intimes, tout en me disant, je n'en ai jamais parlé".
 

Subjectivité

Le documentaire a opéré et la parole s'est libérée. Objectif atteint. "Le film ouvre un récit propre à chaque spectateur en fonction de son parcours et de son histoire. En réalisant ce documentaire, ma volonté n'était pas d'apporter des réponses mais de poser des questions et d'ouvrir des espaces de réflexion", raconte la réalisatrice née pendant l'Algérie algérienne, en 1968 à Alger, dans une famille d'européens installés en Algérie depuis 5 générations. "Mon grand-père a décidé de quitter l'Algérie dans les années 70 à cause des nationalisations de Boumédiene et mon père l'a suivi ".
Elizabeth Leuvrey revendique d'ailleurs cette subjectivité. "Le film ne prétend pas à une quelconque objectivité ou à une exhaustivité sociologique. Il fait écho à mon propre parcours et tous ces échos rendent compte d'une grande complexité ".
Dans le bateau, on rencontre ainsi des trabendistes, des jeunes filles, des pères de famille, un couple, des harragas, etc. Certains vivent en France, d'autres en Algérie. L'aller pour certains est un retour pour d'autres.
"J'ai tenu à avoir un équilibre entre les passagers de France et les passagers d'Algérie. Je ne voulais pas faire un film sur les immigrés algériens vivant en France qui rentrent au pays ", précise la réalisatrice.
 

20 traversées

Tourné à l'été 2004 à bord du ferry de la compagnie française SNCM, L'Île de Beauté, La Traversée est le résultat de 20 traversées Marseille-Alger effectuées avec la même équipe d'équipage. Notre équipe de tournage s'est calquée sur le rythme d'une bordée qui était toujours la même afin de créer une relation de confiance propice aux témoignages, décrit Elisabeth Leuvrey. A la fin de l'été, la réalisatrice se retrouve en possession d'une centaine d'heures de rush soit cinq heures par traversée.
J'ai pensé ce film depuis Marseille, là où je vis. On embarque dans le ferry à la cité phocéenne mais on ne voit pas l'arrivée à Alger, ni le débarquement dans la capitale algérienne. Je voulais placer le spectateur dans ce ressenti du passager qui est amené à vivre entre les deux rives et qui est en permanence dans un espace d'entre deux.
"Le choix des personnages et des discours s'est fait à chaque fois que je sentais que l'on disait quelque chose de la réalité ", explique Elizabeth Leuvrey. "Il s'agissait de trouver les clés de la compréhension jusqu'à ce que l'on s'arrête sur la rencontre qui semble dire quelque chose de la vérité ".
C'est ainsi qu'apparaît Ben à la moitié du documentaire. Balloté entre les deux rives de la Méditerranée, "offert à la France", il représente pour la réalisatrice "l'essence du film". Il dit tout haut ce que beaucoup pense tout bas et sa parole est libérée de tous tabous.
Demain je sais que je vais être au bled. Et ce bled, je ne le connais pas. Je me fais croire que je retourne en Algérie et que je retourne chez moi. Je ne retourne pas chez moi, parce que je sais que ce n''est plus chez moi. J'y retourne, parce que je me suis retrouvé, malgré moi dans la place de mon père.
Une première version de 55 minutes a d'abord été diffusée sur la chaîne de télévision franco-allemande Arte en 2006. L'intérêt est tel que la réalisatrice décide de chercher des financements pour faire exister le film dans une version longue. Elle crée alors sa boîte de production "Les Ecrans du large" basée à Marseille.
La Traversée sort en salle en France en avril 2013, distribué par Shellac, dans une version d'1H12. Et en 2014, le coffret DVD assorti d'un livret fabriqué par les éditions Barzakh est commercialisé. Le coffret est dorénavant disponible en Algérie dans les librairies. "J'aimerais le diffuser en salles mais ce qui me tiendrait à cœur c'est qu'il sorte du cadre des instituts français pour atteindre les cinémathèques", souhaite aujourd'hui la réalisatrice.
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Merzak Allouache: "La période est très dure en Algérie, le temps n'est pas à la comédie"

HuffPost Maghreb |  Par Nejma Rondeleux

Publication: 10/06/2014 13h49 CEST Mis à jour: 11/06/2014 12h00 CEST

“Heureusement qu'il y a le festival d'Alger du cinéma maghrébin pour projeter mes films”. Les premières paroles de Merzak Allouache en cette soirée du 8 juin rappellent d'emblée la triste réalité. “Un an après sa sortie, il était temps que Les Terrasses soit vu en Algérie”. Et pour cette première et dernière avant-première, tous les sièges de la salle du cinéma El Mougar d'Alger étaient pris.
Sur l'estrade, entouré de ses comédiens et techniciens, le réalisateur d'Omar Gatlato (1976) et Bab El Oued City (1993), bleue de Chine sur le dos et baskets bordeaux aux pieds, ne s'attarde pas. “Je souhaite qu'Alger puisse avoir plus de deux salles de cinémas digne de ce nom”, ajoute-t-il seulement.
D'autant que le dernier film de cet enfant de Bab El Oued qui possède une maison à la Madrague raconte le quotidien des habitants du centre-ville d'Alger, de Notre Dame d'Afrique à Belcourt, en passant par Bab el Oued, la Casbah et le Telemly. Un quotidien vu d'en haut. Des terrasses. Rythmé par les cinq appels à la prière de la journée.
“L'idée m'est venue en réalisant des repérages pour le film de ma fille. Je me suis aperçu qu'il y avait une vie incroyable sur ces terrasses. Et, comme c'est devenu très compliqué de tourner dans les rues d'Alger à cause de la foule et de la circulation, je me suis dit que tourner sur les terrasses me permettrait d'être tranquille tout en étant dans un “intérieur-extérieur”, raconte le réalisateur lors de la rencontre organisée à la Cinémathèque le lendemain de la projection.
 

Au total, Merzak Allouache, a visité une cinquantaine de terrasses pour n'en retenir que cinq. “A chaque fois que l'on montait, on rencontrait un habitant de l'immeuble qui nous disait, “pas de problème pour filmer” et quand on redescendait, on retrouvait cinq autres voisins qui affirmaient “ce n'est pas lui, c'est moi qui m'occupe de la terrasse”. Ça aurait pu être un film en lui-même!”

Tranches de vie

De ces repérages, ses observations et son vécu, Merzak Allouache, en a tiré cinq histoires. Dans ces “tranches de vie” fictionnelles qui se déroulent sur les toits de la capitale, la réalité n'est jamais très loin. “On aurait dit qu'il racontait mon enfance”, s'exclame Abdou, 27 ans, originaire de Belcourt, à la sortie du film.
Lieux d'habitation, terrain de sport, espace de trafics en tout genre mais aussi studio de répétition et sas de liberté, les terrasses rejouent les drames de la société d'en bas. S'y mêlent amour, reliogisité, violence, intolérance dans une joyeuse effervescence.

Tourné en onze jours - trois jours pour la terrasses de Notre Dame d'Afrique et deux jours pour les quatre autres - avec un “budget très serré”, d'après les mots du réalisateur, le film rassemble des acteurs et chanteurs connus, avec notamment l'apparition du groupe Djmawi Africa et de la chanteuse Salima Abada, et des comédiens non professionnels.

Image

“Depuis les terrasses, j'ai vu cette Alger déglinglée, saccagée. J'y ai retrouvé des parcelles de cette ville ancienne, celle que j'aime mais ce sont devenus des lieux de confrontation”, confie le réalisateur au public de la Cinémathèque venu l'écouter.
C'est cette image que Markaz Allouache a retransmis à l'écran. Ce qui ne plaît pas à tout le monde. “On me reproche souvent de montrer une image négative de l'Algérie”, témoigne l'auteur des Terrasses. On a un problème d'image dans notre pays. “Tu montres des choses que l'on n'a pas envie de voir”, m'a dit une dame algérienne à la sortie de la salle”.
Mais, aujourd'hui, Merzak Allouache n'a plus envie de rire. La situation du pays est trop grave. “ Je ne suis pas dans une période de comédie ”, avoue le réalisateur qui a déjà prévu un nouveau tournage à Alger en septembre, octobre. “ Je trouve qu'en Algérie, nous sommes dans une période très dure ”. Malgré ses dires, il arrive toujours à nous faire sourire. “ Je pense que le Ministère du Tourisme devrait avoir une agence pour faire visiter les terrasses d'Alger ”!
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" Les Terrasses " de Merzak Allouache, le film qui ne laisse pas indifférent

HuffPost Maghreb

Publication: 10/06/2014 14h00 CEST

Les Terrasses de Merzak Allouche projeté il y a deux jours dans le cadre du 2e festival du film maghrébin a globalement recueilli de bons échos dans la presse algéroise à l’exception de quelques critiques.
Le film a, ainsi, trouvé grâce aux yeux du journaliste du plus vieux quotidien du pays. Intitulé "Quand un cinéaste explore les tréfonds de la société algéroise", El Moudjahid affirme que "Le cinéma d’Alger a retrouvé sa saveur des années 1970 lorsque les salles étaient pleines pour des projections. Et c’est un cinéaste mythique qui a attiré une telle foule, Merzak Allouache, avec sa dernière production Les terrasses projetée en avant-première maghrébine, dimanche soir à la salle El Mougar d’Alger, dans le cadre de la compétition officielle, catégorie long métrage, de la deuxième édition du festival d’Alger du cinéma maghrébin".
Même accueil dans la presse privée. Pour le quotidien Liberté les terrasses est un film "choral mettant en scène plusieurs protagonistes singuliers (…)Autant de destins curieux et étonnants qui ne se croisent jamais, mais qui sont interconnectés dans une ville qui tourne son dos et malmène parfois ses habitants et qui renferme mille et un secrets etv autres fléaux.(...) Même s’il semble léger, le propos du film est profond, et très bien maquillé avec un ton plein d’humour et d’ironie, ce qui allège la gravité ou le sens caché du scénario, au demeurant bien ficelé, malgré la (trop) longue mise en abîme".
Le journal El Watan, un des rares journaux à voir le film autrement; relève "les clichés débordent de cette nouvelle fiction", note le journaliste.
L’auteur de l’article dissèque les plans du film et leur symbolique. "Alger est sale, les bruits sont collants, les méchants sont toujours les mêmes, la toxicomanie, la violence contre les femmes, l’islam, la lâcheté des hommes (les musiciens qui refusent d’aider la jeune amoureuse agressée sur une terrasse), l’absence d’espoir, la crise du logement, la rapine sont encore et toujours là. Merzak Allouache pioche dans le même territoire, quitte à multiplier les trous dans le jardin. On retrouve dans Les Terrasses, les traces de Normaal, de Bab El Oued City, de Omar Gatlato, Bab El web…".
Une récurrence de thème qui amène le journaliste à s’interroger "faut-il alors continuer à prendre encore au sérieux Merzak Allouache, lui qui persiste à faire des films pour plaire ailleurs ? Des films marqués par un réalisme excessif et par un surdosage à mi-chemin entre l’idéologie de l’exclusion et le mépris culturel".
C’est dire qu’on peut voir une même fiction et l'apprécier différemment. Bon ou mauvais film, Merzak Alloucahe a créé l’évènement.
Les terrasses :

 

Omar Gatlato Redjla

Fiche technique

* Scénario : Merzak Allouache * Photographie : Smaïl Lakhdar-Hamina * Musique : Ahmed Malek * Montage : Moufida Tlatli * Durée : 1h30 * Date de sortie : 1976 * Pays : Algérie * Format : couleur (35 mm) * Production : Office National pour le Commerce et l'Industrie Cinématographique (Algérie) ....allaaaaaaaaaaaaaah yerahmou

Synopsis

La vie à Alger d'Omar, petit employé, don Juan hâbleur et pourtant timide, entre l'appartement surpeuplé où il vit, son bureau, sa musique préférée, sa passion pour une voix inconnue.

Omar, qu'on surnomme "gatlato" à cause de ses attitudes "radjla" (on dit que la "radjla" le tue, "gatlato er-radjla", d'où "gatlato") est un jeune banlieusard qui habite une cité du Climat de France, sur les hauteurs de Bab El-Oued. Omar travaille au service des fraudes, parfois il effectue des missions de répression contre les trafiquants d'or et de bijoux: le plus souvent il participe au contrôle routinier des bijouteries. Omar Gatlato a une grande passion pour la musique: il possède une Minicassette, son passe-temps favori consiste à enregistrer des chansons Chaâbi au cours de soirées, ou à se rendre dans les cinémas où passent des films hindous pour en enregistrer les chansons... Un soir, de retour d'une veillée dans un mariage, il est agressé par un groupe de voleur qui lui dérobent sa Minicassette. La perte de cet appareil va constituer une rupture brutale dans le quotidien tranquille de Omar. Moh Smina, un de ses copains, mi-fonctionnaire, mi-trafiquant, va lui procurer une nouvelle Minicassette que Omar pourra payer en facilités. Il lui offre en prime, une cassette vierge... Ce soir-là entrant en possession de l'appareil, Omar Gatlato, contrairement a tous ses copains ne reste pas longtemps au cercle du Mouloudia. Enfermé dans sa chambre, Omar essaie l'appareil. En enclenchant la cassette "vierge" que lui a fourni Moh Smina, Omar entend une voix, une voix de jeune fille qui dit quelque paroles...

Omar gatlato Radjela