Abderrahmane Chergou / Demain reste toujours à faire / AVANT-PROPOS

29/06/2014 23:12

 

Abderrahmane Chergou                                                                   

Demain reste toujours à faire

 

AVANT - PROPOS

 

Ce témoignage, je voulais le rapporter depuis de longues années. La célébration du 25ème anniversaire du 1er Novembre 1954 m'en donne l'occasion. Certains de ces textes ont été écrits durant la guerre de Libération, d'autres, juste après la libération. Je n'ai rien voulu changer. Le lecteur y trouvera beaucoup de naîveté et de romonatisme, mais aussi toute la sincérité d'un jeune des années de guerre, vivant de toute son âme et de toutes ses fibres l'épopée de la Patrie en lutte. C'est aussi tout le formidable espoir de la jeunesse. Ce témoignage n'a pas la prétention de raconter l'ALN dans sa totalité. Beaucoup d'autres ont raconté, et raconteront à coup sûr dans l'avenir, les combats héroïques, les grandes batailles et les hauts faits d'armes. C'est une ALN que  j'ai voulu essayer de dépeindre de l'intérieur. Une ALN composée d'hommes tout simplement, avec toutes leurs espérances, vue avec les yeux d'un jeune sortant d'un lycée. Et ce lycéen s'est fondamentalement transformé au contact de son pays, de la réalité et des masses qui faisaient l'Histoire. Il a donné si peu à son pays et a reçu tellement du peuple. Car la guerre de Libération était avant tout l'expression d'une formidable résistance populaire. Ce lycéen, quelque peu imbu de son petit " savoir ", restera éternellement reconnaissant à ces ouvriers, ces paysans, cxes paysannes, qui l'ont aidé à prendre racine dans sa patrie.

J'ai voulu transmettre, à ma façon, le message de cette jeunesse d'hier qui puissamment contribué à libérer le pays, les armes à la main, à la jeunesse d'aujourd'hui qui contribue si magnifiquement à son édification. Car ce qu'il y a de plus beau dans la jeunesse, c'est qu'elle est éternelle et qu'elle renouvelle ses forces à l'infini. Les espoirs d'hier et ceux d'aujourd'hui s'incrivent dans la même démarche, le même cheminement vers le bonheur des hommes, de tous les hommes, la liberté dans toute son acception. Le message de ceux qui sont morts pour la Patrie ne peut être étouffée par aucune force. J'ai voulu rendre plus explicite et plus concret ce message. J'ai voulu apporter, avec toute la force de mon coeur et l'attachement à ma Patrie, le témoignage que la jeunesse, qui faisait les bataillons de l'ALN, a réellement combattu pour que chacun vive dignement dans l'Algérie des rêves. Car il ne faut pas oublier que l'Algérie indépendante était, à l'époque, un rêve. Un rêve qui se réalisera inéluctablement. Dans chque gourbi, dans chque réunion, le serment aux martyrs était accompagné d'un serment pour ceux qui allaient vivre; la guerre continuera après l'indépendance, contre l'ignorance, la misère, l'injustice. Certes, tout cela n'était pas exprimé scientifiquement à l'époque, et le niveau de conscience de cette jeunesse ne lui permettait pas d'appréhender les moyens qu'il fallait mettre en oeuvre pour atteindre ces objectifs, tant elle se donnait totalement à la lutte contre l'ennemi principal du moment, le colonialisme.

Ce modeste témoignage est la contribution d'un jeune officier de l'ALN qui demeurera toujours jeune, car il se retrouve pleinement dans cette jeunesse des années 70 qui défend vaillamment la Révolution agraire, qui étudie et travaille avec ardeur, sacrifie ses vacances pour le volontariat, cette jeunesse qui aime si sincèrement l'Algérie des travailleurs, l'Algérie qui sue et qui crée à chaque seconde un nouvel avenir. Cette jeunesse qui est devenue plus consciente, plus instruite, qui a compris que notre ennemi principalement et implacable est toujours l'impérialisme. Cet impérialisme qui a assassiné tant de mes amis d'enfance et de jeunesse, tant de mes frères, qui s'est acharné à détruire notre pays et qui continue à vouloir nous mettre à genoux par l'intermédiaire de ses multinationales et de leurs agents réactionnaires nationaux. 

Ce témoignage est authentique. Je l'ai écrit avec mon coeur en pensant à tous ceux que j'aime et qui continue la lutte. Les noms de la plupart des djounoud cités sont réels, les noms des dechras sont vrais. En ce qui concerne l'histoire de Hafed et de Houria, je n'en ai pas était le témoin direct... On me l'a raconté et j'ai trouvé l'histoire si belle et si émouvante que je n'ai pas pu m'empêcher de la rapporter... Et pour dire aussi qu'il y a eu des histoires d'amour dans l'ALN, et que les jeunes d'hier aspiraient aussi au bonheur  personnel; et ce qui rend plus grand et plus généreux leur sacrifice.

Assurément, si l'on veut pas trahir ce pourquoi sont partis ces chouhada, si l'on veut être fidèle à leurs espérances et à celle du peuple qui est « le seul héros », il n'y a qu'une manière de continuer la guerre de libération. Celle qui consiste à édifier patiemment la Patrie dans la seule voie qui restitue à l'homme toute sa dignité et son humanité, celle du socialisme.

C'est l'union de tous les patriotes qui a permis la victoire sur l'ennemi d'hier, le colonialisme. C'est encore l'union de tous les patriotes qui aiment sincèrement leur patrie, qui la veule prospère, débarrasée de toutes les formes d'injustice, d'oppression et d'exploitation, ceux qui font leurs les justes orientations de la Charte nationale, qui permettra à l'Algérie de surmonter ses difficultés et de triompher des embûches que ne cesse de lui tendre le même ennemi qu'hier et qui n'a fait que changer de moyens.

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