Abderrahmane Naceur / Recueil de poésie /Cicatrices / ( Suite et fin)

03/07/2014 08:07

 

Le quarante - cinquième jour
21 /
 
Ils avais vingt ans. Quarante-quatre jours
S'étaient écoulés, les et les poings liés.
Le quarante-ciquième fut carrefour
Qui fit du temps et ennemi, et allié.
 
La nuit de ce quarante-cinquième jour
Fut siècle, decennie, jour et seconde,
Débordant de haine et de grand ameur,
Et où le jour et la nuit se confondent.
 
Il avait vingt ans, vingt courts et brefs printemps.
La camisole remplaça le caftan,
La paillase le douillet lit nuptial..
 
Pour la Liberté, la Vraie, la Bienvenue,
La guillotine, froide, infernale,
Qui lui tranche la tête, s'avoue vaincue.
 
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L'orphelin
22 / 
 
Je ne suis qu'un orphelin.
On raconte dans Alger,
Sur mes parents insurgés,
 
Que les paras, mystifiés,
Les ont, un jour, suppliciés.
Je ne suis qu'un orphelin
Qui, de beaux printemps, a faim.
 
O, mes frères, tous alphabets
N'humanisent pas le couperet
Orphelin aujourd'hui et demain
 
Mes larmes sont ruisseaux,
Emportant au loin mon berceau.
Frère damné, donne la main.
 
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Les bavards
23 / 
 
Les discours pour les ovations
Beaux spectacles à sensation
           Où se font
                  défont
Les républiques, le monde,
Autour des tables bien rondes
Et qui se terminent par amen
           Et la lâcheté quotidienne
Est le propre des magiciens :
          Ils gouvernent les galériens.
 
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Les marchands de canons
23 /
 
Approchez, messieurs et mesdames
Notre spécialité : les armes
Notre vraie garantie : vos larmes.
 
Approchez, messieurs et mesdames
Pour vos chefs, nos rivières de diamants
Pour leurs peuples, l'espoir au firmament.
 
Approcgez,
 
                 Approchez, 
 
                                   Approchez.
 
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Un cessez - le - feu de plus
 
24 / 
 
Enphants de l'usurpée Palestine,
La colombe a quitté Dir Yacine,
Les sionistes encore assassinent.
Fidaî que la justice enflamme,
Lève-toi ! Laisse les fusées Sam.
Pour la dignité qu'on piétine,
Le couteau demeure l'unique arme.
 
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Eternelle Casbah
25 /
 
Ma Casbah déguenillée
Que tant d'armées ont souillée
Volée et déshabillée Blanche ou persillée
Je la chante aux veillées
 
Ma Casbah déterminée
De liberté obstinée
En vain, pour l'écussonner
Les enfants du Dauphiné
Ont tout fait pour la damner
 
Ma Casbah tant opprimée
De dignité animée
Aux ennemis assomés
Sa liberté exhumée
Fit vibrer sa renommée
 
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Apartheid
26 /
 
Que font ces vivants
Désoeuvrés, qui viennent et qui vont ?
 
Que font tout ces bras forts
Ballants le long du corps ?
 
Qu'attend ce peuple fier
Au milieu de ces cahaînes ?
Qui l'netourent
Qui l'enserre
 
                   DES ARMES,
                                    
                                    des armes,
 
                                                   des armes. 
 
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Que voulez-vous
27 /
 
Que voulez-vous
Il pleuvait ce jour-là
          des bombes
          des larmes.
 
Que vouslez-vous
Il pleuvait ce jour-là
          des coups
          des injures.
 
Que voulez-vous
Il pleuvait aujourd'hui
           l'espoir volé
           les amours trompées.
 
Que voulez-vous
Il pleuvait  ce jour-là
          comme il pleut aujourd'hui
          comme il pleuvera demain.
 
Que voulez-vous ?
 
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 Les pillards
28 / 
 
Depuis vingt ans, les pillards,
Jadis héros ou mouchards,
Sillonnent les boulevards.
 
De tout, ils s'accaparent :
Villas, maisons, milliards.
Ils ignorent les Ançars,
 
Les Khiam, les Bolivar.
Hommes, les voilà cafards,
Ils défient le dinar
Qui aveugle, égare.
 
Probité n'est pas hasard.
J'écris et je déclare :
Ami, il n'est pas trop tard :
Ressuscitons Vian, Mozart,
Khaldoun, Nador, Omar.
 
Sauvegardons notre art,
Notre unique poignard.
 
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Les frères
29 /
 
Frères disparus, à la vérité,
Défiant la triste réalité
Et, militant pour la sincérité,
Le réveil, d'une grande sévérité,
Me bouscula dans la témérité.
 
Sachez que j'évoque avec douceur
Vos vivants souvenirs sans noirceur,
Car, vous n'étiez ni maîtres, ni noceurs,
Mais de la Liberté les ANNONCEURS.
 
Jeunes, vieux, crachez sur tous les planqués !
Le passé se doit d'être disséqué.
Que sont ces promotions inéxpliquées ?
 
Je crie, je hurle : non au usurpateurs !
Dans la poubelle de l'Histoire, les tricheurs !
 
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30 / 
Zinet Mohammed
 
Je suis un fou en colère
Devant mon champ en jachère.
 
Je suis un fou frondeur
Cultivant le bonheur.
 
Je suis un fou provocateur
Supportant mal puanteurs.
 
Je suis un fou irrévérencieux
Pour les crapules et autres vicieux.
 
Je suis un fou dangereux
De la vie très amoureux.
 
Je suis un fou honni et vomi 
Par les consciences endormies?
 
Je suis un fou du Bon Dieu
Pour le juge fermant les yeux.
 
Je suis un fou de toi-même
Semant à tout vent : « Je t'aime »
 
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Taleb Abderrahmane
 
guillotiné un matin à Barberousse
31 / 
 
Ecolier j'étais attentif
Aux discours démonstratifs
De mes enseignants, supplétifs
D'un régime putatitf.
 
        Au lycée, pour m'apprivoiser
        J'eus droit aux gateaux framboisés,
        A chaque rentrée, je pavoisais
        « Heureux Saint Louis, le grand croisé ».
 
Aux facultés sonna le glas
Pour la Gaulle et son falbala.
Dans une petite villa,
Je recréais notre Smala.
 
        Mes camarades d'enfance,
        Coryant en l'indépendance,
        Turent leurs discordances.
        Pour plus tard, les chants et les danses.
 
La justice fut bien singée.
La soldatesque, bien rangée, 
Vindicative, enragée
Dévoila tous ses préjugés      
 
        Au tribunal, la sentence
        Mis nos ennemis en transe :
        Il fallait, de toute urgence,
Que vers l'échaffaud j'avance !
 
Dans ma cellule, sous terre,
La haine au mur adhère.
Et ma présence ulcère
Les gradiens qui vocifèrent.
 
         France, douceur mensongère
         Vois tes soldats impubères :
         La torture qu'ils vénérent
         Précipite ta misère !
 
Tes bourreaux, sans prévenance,
Me prendront sans réticence.
Apprend que ta vilolence
Appellera ta vengeance.
 
         Tu perds toute assurance,
         Tu mendies des alliances.
         Ma tête coupée, ô France,
         Confirme ta déchéance !
 
Adieu père et mère
Mon sang, avoue-le, Voltaire,
Effacera les misères.
Persone ne fera taire
Les Révolutionnaires !
 
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32 / 
Didou
 
Didou, mon fils,
Mon grand ! Jadis
Je soignais les lyositis.
 
Mon fils, Yazid El Hadi,
J'ai marché sur le glacis
De la mort, de peur transis,
Pour qu'aujourd'hui, tu souries.
 
Didou mon fils,
Ceux qui trahissent
N'aiment pas les myosotis.
Mon fils El Hadi Yazid,
Eloigne-toi des « guides » :
Leurs discours insipides
Rendent le coeur aride.
 
Didou mon fils, 
Sois Ulysse,
Mais JAMAIS complice.
 
Mon fils, Didou pour les intimes,
Chômeur ou généralissime,
Souviens-toi : celui qu'on opprime
Doit avoir toute ton estime.
Ton silence serait un crime.
 
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33 /
A Mohammed Boudia
 
Ils veulent tuer l'espoir
Que j'invente chaque soir !
A eux puissance et manoirs,
Honneurs, gloire et savoir.
A nous les sombres couloirs.
 
Ils veulent tuer l'espoir
Que tu ineventes chaque soir !
C'est quand, où, Septembre Noir
Et ton sang sur le trottoir ?
Boudia, notre mémoire.
 
Ils veulent tuer l'espoir
Que j'invente chaque soir,
Un drapeau vaut plus qu'un mouchoir
Alger, tu dois bien savoir 
Où mène le dèsespoir
 
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34 /
Mounia
 
Ma petite Mounia l'espiègle,
Tu confonds blé et seigle.
Reste la plus belle du globe.
 
Un petit cadeau sans valeur
Te comble de bonheur,
Un sourire et tes yeux
Brillent de mille feux.
 
Qu'importe la vieillesse !
Loin de nous la tristesse,
La guerre, la perfidie.
 
La paix est là, dans nos coeurs, 
Notre chant est sans rancoeur.
La terre est paradis.
 
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35 /
 
Prières d'Amina
 
Sous l'olivier centenaire,
Assise près de sa mère
Amina, ma fille fière,
A Dieu lance une prière.
 
            Dieu Qui règne sur tous les cieux,
            Du simple fait le merveilleux,
            Accepte Mohammed le pieux,
            Mon grand père qui mourut vieux.
 
Mon Dieu, Maître des Deux Mondes,
Sur Qui mon espoir se fonde,
Bonheur ! je Te le demande.
A ma mère, j'en fais offrande !
 
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36 /
 
A Yacine Kateb
 
Mohammed a toujours sa valise. Muni
De ses papiers jaunis, la dignité ternie,
L'obsession est : retour.
 
Moh Zitoune, houle de toutes patrouilles,
Le passé se rouille. Les puissants se brouillent,
C'est toi qu'on refoule.
 
Oui Yacine, ami inconnu et proche
Ton arme discrète tintera les cloches
Aux bourgeois fantoches.
 
Europe, poubelles, chaînes, métro, dodo,
Rêves de Belmondo : L'émigré a bon dos,
C'est un précieux fardeau
 
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37 /
 
Les Chouhada
 
Ils ne sont pas morts
Pour que le gendarme
Pointe son arme
Sur l'innocent en larme.
 
Ils ne sont pas morts
Pourque la police
Pourun caprice
Emprisonne mon fils.
 
Ils ne sont pas morts
Pour que les coups pleuvent
Sur le dos de la veuve.
 
Ils ne sont pas morts
Pour voir l'orphelin
Battu soir et matin.
 
Ils ne sont pas morts
Avec dignité
Pour la Liberté
Opposant à l'outrage
Leur foi et leur courage.
 
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38 / 
 
Yasmina
 
Mon trésor,
C'est Yasmina mon aurore.
 
Mon trésor,
C'est Yasmina au coeur d'or.
 
Mon trésor,
C'est Yasmina et son sourire sonore.
 
Mon trésor,
C'est Yasmina quand elle dort.
 
Mon trésor, 
C'est Yasmina ma princesse que j'adore.
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39 /
 
A Hadj Omar
 
Le dormeur a chanté
           le cireur
Couché sur les grilles
D'un soupirail
Plié en chien de fusil
Il rêve
           Du soupirail
           Monte
           L'odeur du pain chaud
Le ventre du dormeur
S'empifre
De l'odeur du pain chaud
           Son coeur est envahi
            Par l'humanité deshumanisée
Et son esprit se promène
Allégrement
Dans la ville oublieuse
            Hante
            Les bureaux où le néant se décide
            Les musées où les oeuvres agonisent
            Les tréteaux où les voix s'essoufflent
A l'heure du laitier
Les balayeurs
Dans leur hâte professionnelle
Mêlent le corps inerte
Du dormeur
            Le chagrent dans leur benne
            Mécanique
Ainsi se déchargent 
La République
Et le Monde
De leur conscience.
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40 /
Les trois piliers de la sagesse
 
              HIMOUD prédit
              ISSIAKHEM crie
              ZINET périt
 
Quand le soleil disparait 
         à l'heure du midi
                 les regrets son ressuscités
Quand le soleil disparait
         à l'heure du midi
                 l'injustice est très bien servie
Quand le soleil disparait
         à l'heure du midi
                 l'ultime marche est gravie
Quand le soleil disparait
         à l'heure du midi
                 on est tout seul devant sa vie   
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41 /
 
C'est bien vrai
 
Grand-mère
           Ecoute la voix
           Des tueurs contant leurs infâmes exploits.
 
Grand-mère
           L'ennemi a perdu sa foi
           Regarde au loin la poussière du sommeil.
 
Etranger
           Les loups aux abois
           Ont violé toutes les lois.
 
Frère
 
           Avec toi
           La justice aura plus de poids
 
Soeur
 
           Les pénibles mois
           Fuient dvant la paix et la joie.
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42 / 
 
Le vieillard
 
Le diable m'a dit :
           Adieu la vertu
           Les hommes s'entretuent,
 
L'Ange m'a dit :
            La folie à raison se substitue,
            Le diable, il faut que je destitue.
 
Le diable m'a dit :
           L'orphelinse multiplie,
           L'amour est anomalie.
 
L'ange m'a dit : 
            La terre a soif de paix
            De bons grains et non d'ivraie.
 
Le diable m'a dit :
            Les hommes sont tous maudits
            D'ailleurs, je les applaudis.
 
Un vieillard m'a chuchoté :
            Les mensonges acceptés par les peuples des cités
            Furent toujours colportés
            Par la féodalité : et les guerres éclataient.
            Aujourd'hui, la Vérité
            Est partout répercutée. Le printemps et sa clarté
            Noyant les disparités,
            Aux frères rend l'Unité. 
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43 /
Le fils et le père
 
DIS PAPA,
           pourquoi les hommes font laguerre ?
 
MON FILS, 
           des terres arides poussent des armes.
 
DIS PAPA,
           pourquoi les hommes font la guerre ?
 
MON FILS,
           les burnous qu'on fait suer cachent des armes
 
DIS PAPA,
           pourquoi les hommes font la guerre ?
 
MON FILS,
           les gourbis détruits s'emplissent d'armes.
 
DIS PAPA,
           pourquoi les hommes font la guerre ?
 
MON FILS,
           pourquoi les hommes font la guerre ?
 
MON FILS,
           pour le digne pain, il faut des armes.
 
DIS PAPA,
           pour l'école les hommes font la guerre ?
 
MON FILS,
           l'école est arme et guerre.
 
--- Ah !
--- Et oui...