Djamel Benmerad / Chant d'impatience / A
07/07/2014 00:34
Djamel Benmerad
Chant d'impatience
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I
Je ne suis pas l'être d'alphabet
ni cette colonne verbale
qui répond aux maux des uns
par les mots des autres,
mais une simple goutte d'ivresse tombée
sur une nappe de musique,
vielle colère qui s'étire
dans un coeur juvénile
et j'habite le ventre d'un manuscrit
que traque l'intolérance...
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I
Je donne aux mots
Qui se lèvent tôt
Ma peine à partager
Ma peine à écrire
Ce qui m'obsède
Et me fait dire :
Que ferons-nous...
Que ferons-nous
La nuit venue ?
( J'ordonne aux
Qui se lèvent tôt
D'ouvrir les portes
Du printemps...)
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III
En équilibre sur le rebord des mots
Je m'obstine à décrire
Les bourgeons naissants
D'un rire universel,
Je m'obstine à dissiper
La nuit plantée
Dans les yeux d'enfants,
Je m'obstine à retenir
Ma silhouette qui rétrécit
Dans les rues bleues d'Alger.
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IV
Artisans-poètes au verbe indésirable
Amants que la folie guette
Nous jouons gravement à saisir au vol
Chaque idée jeune traverse le siècle.
La chair lacérée par la laideur contemporaine
Nos poings meurtris contre les murailles de la nuit
Nous persévérons, nous persévérons
Nous nous occupons à répandre de l'huile
Sous la trajectoire imbécile du présent
Pour le faire déraper... Pour lui faire rejoindre
Le rendez-vous de la bourasque !
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V
Au détour de chaque hésitation
Je rencontre la parole désarticulée
Dans laquelle s'installent tous les possibles.
Dans l'extinction du feu commun
Je me traîne comme un rire forcé,
Ciselant des mots
Au rythme de ma fragilité
Et de ma pâleur soudaines.
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I
J'entame mon voyage
au gouvernail d'un rêve
aérolithique
Et dans l'impatience
Je demeure
inaccessible !
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II
A la fenêtre du huit mars
Je distingue derrière les rideaux
des rides labourant ce front
qu'elle voulut orner
d'une superbe rangée de non
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III
Triste est l'heure
Mais la mélancolie
Est autre
Dans ma poitrine le bruit
D'un wagon qui se détache
Ailleurs un autre temps
Entouré d'autres paysages
Ici l'errance... La souffrance
Est d'une étrange banalité.
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IV
Il était une fois
Un regard mouillé
Sur des paysages frissonnants
Il était une fois
Des fruits mûrs
Et des lèvres gercées d'attente
Il était une fois
L'espace d'un sourire
Entre deux bouches
Il était une fois
Une idée franche
Qui ne pouvait attendre
( Il était une fois
La détermination, l'espoir
... Et puis plus rien. )
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V
Voici revenue l'ère de la ciguё
des autpdafés, du criquet bleu
et la qwada à tout bout de champ
Nous contenterons-nous d'avoir été
le prototype de leurs cauchemars ?
La cantatrice triche
et refuse vos fleurs
Hommes, êtes-vous
des Hommes ou bien des porte-sexes ?
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VI
Ils vont et viennent
Toujours à deux...
Deux à deux
Additionnés à d'autres paires
Font la pieuvre immense et bleue
Tentacules d'intolérance
A l'necontre de nos pas.
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VI
Ici on ne meurt pas. On rampe.
La visière des casquettes projette de l'ombre sur nous
et ennuage nos rêves.
Impatient de vivre l'incendie des étreintes futures,
nous rassemblons les étoiles perdues sur le seuil de nos
demeures pour les restituer au ciel, loin des convoitises...
O camarades ! Si votre absence se prolonge, l'écharpe
risque de se ternir et de ressembler à une nuit sans
femme... Et nous n'hériterons d'aucun baiser que nous
nous auron donné.
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VIII
Gémissement locataire
D'un couloir de tristesse
Le vent murmure chaque folie
Que nous raviveront les ombres
A l'orée de chaque doute.
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IX
Une terre dure
Mais heureuse
Nous pleure...
La place est occupée
Où sur l'heure
Se diue le sens de nos attentes
La place est occupée
Où sur l'heure
S'édifie la mort
Dans le silence de nos femmes
Couve désormais l'inégale aventure
Où les un suivant d'autres
Toutes les audaces
Tous les égarements
Sont devenus possibles.
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X
Les murs d'insistance
ont brisé nos phalanges !
Déchirement et peur
peur et désir de la rupture
depuis nos villages émasculés,
depuis la tempête excisée
par d'imbéciles prétendants,
depuis l'obscurité rampante...
L'espoir étant comme la porte
qu'on retient du pied ( " ils " sont
si nombreux à pousser ! )
je m'approche un peu plus
du vide qui s'approche un peu plus
du vide qui s'installe
au bord de vos lèvres
et au creux du discours
je discerne l'image :
Il nous faudra tout recommencer.
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XI
J'abrite dans ma douleur
la rupture d'un rêve
Mais je refuse de m'inscrire
Dans la foulée du désastre.
J'ordonne au présent d'être
L'affirmation bruyante
L'affirmation brutale
D'une colère ancienne.
L'espoir hier entrevu
Imposer d'aller jusqu'au bout.
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XII
Dresser au coeur d'une cité
Un rêve et sa folie
Unir en un baiser leur ombre
Croire en eux et les aimer
( pour ce qu'ils ne sont pas )
Et vivre à travers
Leurs renaissances multiplié
( Il faut rêver, disait-il )
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XIII
Pourquoi
ce silence
au port
à l'usine
à l'école
et dans les champs?
Venez !
Montez
Sur le toit de mon poème
Il n' y a pas de girouette.
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XIV
Construire un rêve
L'aimer
Le nourrir
S'en nourrir
Puis le balacer
Au coeur d'une foule.
Attendre la fraîcheur
Du soir et la dispersion
Des gaz lacrymogènes
Reprendre son rêve l'essuyer
Le réchauffer
Puis le lendemain
Tout recommencer.
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XV
Chaque fin de combat
Annonce un combat nouveau
Mais... Où sont les rebelles
La poudre, les barricades ?
Moi l'impie, moi l'ami
Des libraires et des barmen
Moi le tatoué qui vibre
D'aimer à bout portant
Moi qui prenais la parole
Sans prétendrela donner,
En vérité je vous le dis :
Je pars... Parjure et par vaux
Dans le sillage d'un vers
Qui rime au vin
Et d'une idée hospitalière.
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XVI
En ces heures impatientes
Montées en forme de barricades
Tel dieu s'éteint
Tel autre se prostitue
Car la ville s'ave=ère enceinte
D'un refus qui naîtra sanglant
Car en son poing l'interrogation
Menace et hurle : Il nous faut
A pleine mains reconquérir
Repeupler nos friches !
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XVII
Regarde tel rêve monter
Fier et insolent
L'escalier des tribunaux
O mon amie ! Mon amour
Et mon âme hurlent
La fin d'un monde
Où chaque brèche
Devient impasse.
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XVIII
Main caleuse
Vide de pain
Vide de hanches
Vide de livres
Mais vide de crainte
Main caleuse
Avide de pain
Avide de pain
Avide de chair
Avide d'apprendre.
Main caleuse
Pleine d'espoir
Pleine de rêves
Mais pleine de haine.
Main caleuse
Main disponible
Main nue
Qui se cripse
Et se referme
En poing final.
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XIX
Verbe à geste
Je couds la vie
Un peu à la manière
Du corps de jeunes filles
Gagnant angle à angle
Le droit de dire non
(... Et je mumure à tes oreilles
la rêverie fantastique ).
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XX
Ouvrir la porte
Celle d'après...
Et fracturer toutes les autres
Pour l'amie lointaine et la caresse
Dont le secret comme un éclat
( de rire dans une salle d'audience )
Nous libère des noeux factices.
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XXI
Voici l'heure de vivre
L'agonie des vautours...
Longtemps les gestes furent
Leur raison d'être
Et de trahir;
Longtemps nos gestes
Ont parcouru le silence
D'un passé composé
Au présent compromis
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I
J'hèberge une brûlure permanente
Et tu ignores le sens de mes baisers
Tu ne sais pas Paris, Pètrograd
Ni la Sierra Maestra
Tu ne sais pas confondre
Ain Defla et Vallegrande
Ettu ignores demain.
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II
La garde nationale ouvre le feu
Manuelle rit
La liberté avance, tachée de cambouis.
La garde nationale rectifie le tir
Manuella tombe
La liberté avance, tachée de sang.
Lorsque la liberté prend le pouvoir
Elle décrèta
Le rire de Manuella hymne national.
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