Les chemins qui montent

22/08/2014 22:43
 
Mouloud FERAOUN

Les chemins qui montent

Roman

ENAG / EDITIONS

" Mais je sens une colère confuse sortir de tous côtés,
descendre  du  toit,  suninter  des  murs,  soudre  d'en
bas,  emplir  la  maison  comme un brouillard, pénétrer
par   mes   pores,   m' étouffer.   Mon   dieu,   de   quoi 
voudrais-je me mêler ?  Pourquoi   déclarer  tout  haut : 
il  faut   faire  ceci,   cela,   voici  les  fautifs;  les  bons  
reconnaissez - les,  les  mauvais  les  voilà. Pourquoi ? 
 
Mouloud FERAOUN  
 

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Benayache Sihem

Fiche de lecture

Titre de l’œuvre : Les chemins qui montent

Auteur : Mouloud Feraoun

 

I-Biographie de l’auteur :

Mouloud Feraoun est né le 8 mars 1913 à Tizi Hibel.

Son vrai nom est Aït Chaaben, mais son nom célèbre « Mouloud Feraoun » lui a été donné par l’état-civil français .

Il rejoint l’école de Tizi Hibel à l’âge de 7ans.

Il devient boursier en 1928, puis il rejoint l’école primaire supérieur deTizi-Ouzou.

En 1932, il passe à l’école normale de Bouzaréa.

Cette formation l’a marqué sur le plan idéologique, esthétique et linguistique.

C’est là aussi qu’il fait la connaissance d’Emmanuel Roblès.

En 1935, il devient instituteur à Tizi Hibel, puis il épouse sa cousine Dehbia et il aura avec elle 7 Enfants.

En 1946, il est nommé à Taourirt-Moussa.

En 1952, il devient directeur du cours complémentaire de Fort-National.

En 1957, il quitte la Kabylie pour l’école Nador en Clos-Salembier dont il est le directeur à Alger.

En 1960, il devient inspecteur des centres sociaux à Château Royal où il a été assassiné avec cinq de ses collègues le 15 mars 1962 par un commando de l’OAS.

Parallèlement à l’enseignement, Mouloud Feraoun poursuit sa carrière d’écrivain, il commence « Le fils du pauvre »en 1939 pendant les vacances de pâques et il publiera son manuscrit en 1950, à compte d’auteur et la réédition au Seuil ne se fera qu’en 1954 avec environ 70 pages au moins.

Pendant l’année 1951 Mouloud Feraoun a eu une correspondance avec Camus.

En 1953, il obtient le prix populiste pour son roman « La terre et le sang » et un peu avant il a eu le prix littéraire de la ville d’Alger pour son roman « Le fils du pauvre ».

En 1957, « Les chemins qui montent » passe au Seuil.

L’écrivain a aussi écrit un journal autobiographique qu’il a commencé à écrire en 1955 et qui sera publié qu’après sa mort mais il a donné son manuscrit au Seuil en février 1962 et il a aussi publié aux éditions de minuit la traduction des poèmes de Si Mohand poète Kabyle.

II- Résumé de l’œuvre « Les chemins qui montent » :

Le roman débute avec la mort du personnage Amer n’Amer , un cousin de Dehbia qui est le personnage principal du roman. La jeune femme et sa mère organisent toutes les deux les funérailles de ce jeune garçon.

Dehbia est très affectée par ce décès et décide d’écrire un texte pour décrire son chagrin.

Son cousin Mokran vient demander la main de cette jeune fille mais elle ne voulait pas car elle n’éprouvait rien pour lui.

Peu après Mokran décide d’épouser une autre fille,et croit que Dahbia est jalouse, alors qu’elle ne ressentait pour lui que du méprit. Le narrateur revient sur la relation qu’avait Dehbia avec Amer et leur différence.

Elle était croyante chrétienne et lui était un pied noir non croyant.

Cette différence les a conduit à se perdre.

Il voulait l’épouser mais ne croyait pas trop à cette union par rapport aux regards des gens vis-à-vis d’eux sur le plan culturel et social.

Puis le narrateur nous révèle qu’Amer se laisse tué par Mokran car après la mort de la mère du jeune homme, il perd peu à peu le gout à la vie.

A la fin du roman c’est le président qui demande Dehbia en mariage, sa mère est effondrée vue la différence d’âge entre lui et sa fille mais finit par accepter.

III-Analyse de l’œuvre :

a)- Les personnages :

-Dehbia :

C’est une jeune fille chrétienne qui vit à la compagne en Algérie pendant la colonisation française.

-Nana Malha :

La mère de Dehbia.

C’est une veuve qui s’est occupé toute seule de sa fille.

-Amer n’Amer :

Un des cousins de Dahbia dont la mère est française

Celui-ci décéde au début du roman

-Mokran :

Un autre cousin de Dehbia.

Au début il voulait épouser cette jeune fille puis a finalement épousé la copine de cette dernière qui était certes moins jolie mais était grande et ressemblait beaucoup plus à une femme mais Dehbia quant à elle était naïve et avait l’air d’une gamine

-Ouiza :

La jeune fille que Mokrane a fini d’épouser après avoir tenté sa chance avec Dehbia qui l’a rejeté.

b)- Thème, contexte et cadre de l’œuvre :

Le regard des gens et le choque des cultures va pousser les personnages principaux à ne pas accomplir et achever leurs projets.

Dehbia l’héroïne du roman va être contrainte d’épouser son cousin Mokrane avec qui elle n’a pas beaucoup d’affinité.

Par cette histoire Mouloud Feraoun va montrer du doigt certaines familles algériennes ou magrébines en générales qui poussent leurs filles ou leurs garçons à épouser leur cousin ou cousine par contrainte et ne le leur laissent pas le choix.

Par la suite on va se rendre compte que finalement Dehbia n’épousera pas son cousin Mokrane et lui finalement épousera une autre fille.

En ce qui concerne Amer n’Amer et sa relation avec Dehbia, elle était amoureuse de lui, mais le jeune homme ne l’aimait pas, il la désirait seulement.

Amer éprouvait un mal être intérieur à cause de la mort de sa mère, il est assassiné à la fin par Mokrane et la jeune fille épouse le président.

Sa mère est effondrée vue la différence d’âge entre sa fille et le président mais finit par accepter.

Donc on peut dire que Dehbia est un personnage du nouveau roman où le personnage principal est un anti-héros car à la fin la jeune fille n’arrive pas à réaliser ou ne va pas au bout de sa quête initiale qui est d’épouser Amer n’Amer et non pas le président qu’elle ne connait même pas.

Mouloud feraoun s’est inspiré d’un fait divers dans lequel une vielle un peu dérangée se suicide et un garçon nommé Amer eut la bêtise de la suivre.

VI- La conclusion :

L’histoire se passe pendant l’époque coloniale en Algérie.

C’est une quête d’amour impossible entre deux personnages trahie en quelque sorte par leur différence culturelle et sociale.

Elle était chrétienne kabyle et lui un non croyant.

L’histoire se termine par le suicide délibéré du jeune homme en se laissant tué par son cousin et le mariage de Dahbia avec le président.

Donc Dehbia est ce qu’on appelle un personnage problématique "qui ne rentre pas dans le moule" et ne se conforme pas avec les normes de la société.

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Sources:

- Le roman "Les chemins qui montent"

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Présentation
                                                                                                  
                                                                                              Si Le Fils du Pauvre est bien le titre attaché à un nom d'auteur, Les Chemins qui montent, troisième romana de Mouloud Feraoun, ont une résonnance plus collective : avec ce troisième titre, l'écrivain réussit la rencontre heureuse et rare une en tre une expression populaire, référence d'une communauté, et la trame anecdotique d'un roman. En exergue, prolongeant le titre et annonçant l'histoire, l'écrivain a noté ce diccton kabyle, en berbère et en français : 
 
                                                                          « Pour rejoibdre Fort - National
                                                                          Les chemins sont fort nombreux
                                                                          On a beau choisir le sien :
                                                                          Ce sont des chemins qui montent ».

Mouloud Mammeri, dans sa présentation de La terre et le sang, écrit, s'adressant directement à Feraoun et l'intégrant dans sa collectivité« tu restes éternellement nôtre, éternellement avec nous, tout près de nos mains calleuses, de notre misère, de nos rêves, de nos rires, monatant avec nous des chemins qui grimpent jusqu'au ciel, nourri des mêmes neignes, la tête ivre du même soleil, le coeur des mêmes sèves... ».
 
Ce roman, édité pour la première fois au Seuil à Paris en 1957, est la dernière fiction de Feraoun publiée de son vivant. Mais, autour de ses livres, nous le savons, il écrit sur d'autres sujets et il est intéressant de rappeler les textes qu'il publie cette année 57 et un peu avant. 
 
En 1955 et 1956, deux extraits des Chemins qui montent ont paru : le premier dans le n° 9 de L'Action ( 20 juin 1955 ); le second, la première semaine d'Aout 1956, dans Les lettres françaises.
 
L'année 1957 est particulièrement productive en textes parallèles au roman. L'écrivain est préoccupé par la nécessité qu'il ressent de définir le moment littéraire où il se situe, comme l'attestent deux articles. Tous les deux sont publiés dans La Revue Française. « Les écrivains musulmans » et « La littérature Algérienne » ( celui-ci, dcument de référence sur la question, est reproduit dans L'Anniversaire ). Mouloud Feraoun entend situer ses écrits et celui de ses compatriotes : « les plus significatives de nos oeuvres contiennent toutes l'essentiel de notre témoignage : on le retrouve un peu partout, discret ou véhément, toujours exprimé avec une égale fidélité et le même dessein d'émouvoir ». Il veut se démarquer de l'autre littérature d'Algérie, écrite en français, non pour la rejeter, mais pour souligner les différences, l'amalgame n'apportant rien, ni aux uns ni aux autres. Citons les plus « fraternels de ces écrivains » ( René Jean Clot, Emmanuel Roblès ), il précise :  
 
 « Cependant ce milieu familier où nous ne discernons ni parti pris ni outrance, demeure malgré tout étranger au nôtre : voisin, si l'on veut, juxtaposé, bien distinct. On peut y rencontrer une chaude sympathie pour l'autochtone, parfois même de l'amitié mais en général l'autochtone en est absent et si nous le déplorons profondément les uns et les autres, cela n'est pas du fait de l'écrivain c'est tout bonnement une des tristes réalités algériennes ». Ces précisions accompagnent la période où Feraoun sait ses écrits sont controversés par le courant nationaliste. C'est en effet cette même année qu'il doit répondre à un article de Mashino paru dans Démocratie le 1er Avril 1957 dont le titre annonçais l'attaque virulante : " Les chemins qui montent " ou le roman d'un faux-monneyeur ". En pleine lutte de libération, obnubilé par le trame anecdotique du roman, sans en voir les significations symbolques possibles, Mashino affirmait : " Les chemins qui montent ? Mais non ! les chemins qui glissent, qui glissent tout doucement vers le gouffre.