L' Emir Abd El-Kader

30/09/2014 21:22
 
 L'Emir Abd El-Kader
Un bel exemple de Al-ihssane ( l’excellence de l’action, envers soi et envers autrui)à travers la personnalité de L'Emir Abd El-Kader .
Le comportement chevaleresque, la grandeur morale et l’humanité de l’Emir sont reconnus par ses ennemis. Il institua un règlement ou est dictée minutieusement la prise en charge dans le strict respect des prisonniers, dont sa mère s’en occupait avec une très grande sollicitude.
Le représentant de l’église à Alger, très sensible à la demande d’une épouse dont le mari était prisonnier chez l’Emir, intercéda auprès de ce dernier pour obtenir sa libération. Le sous-intendant retrouva sa liberté dignement. On lui remit son fusil, des habits neufs de la nourriture et une lettre de l’Emir à Monseigneur Dupuch dans laquelle il écrivit: «Permets-moi de te faire remarquer qu’au double titre de serviteur de Dieu et ami des hommes, tu aurais dû me demander, non la liberté d’un seul mais de tous les Chrétiens qui ont été faits prisonniers depuis la reprise des hostilités. Bien plus, tu serais deux fois digne de ta mission en étendant la même faveur à un nombre correspondant de Musulmans qui languissent dans vos prisons».
Deux opérations d’échange de prisonniers sont organisées sous les auspices de l’Emir et de monseigneur Dupuch. Malheureusement, une fois libre, beaucoup de prisonniers de l’Emir refusaient de réintégrer les rangs de l’armée française.
En détention, le trompette Escoffier a eu l’honneur et le privilège de voir l’Emir Abdelkader lui accrocher en cérémonie officielle, la croix de la légion d’honneur qui lui a été décernée par le Roi Philippe pour avoir sauvé son supérieur dans la bataille de Sidi Brahim. En ce temps là, la convention de Genève n’était pas encore rédigée.
La magnanimité de l’Emir a semé le doute au sein des officiers de l’Armée Française, allant jusqu’à éviter la procédure des échanges des prisonniers. Un des officiers supérieurs (le colonel de Géry), a confié à Monseigneur Dupuch: «Nous sommes obligés de cacher, autant que nous le pouvons, ces choses à nos soldats, car s’ils le soupçonnaient, jamais ils ne combattraient avec autant d’acharnement». Effectivement, après ces deux opérations, le Roi Philippe ne donna aucune suite aux nouvelles propositions de L’Emir Abdelkader.
En 1860, les Chrétiens de Damas furent massacrés par les Druzes. Alerté, l’Emir avec l’aide de la colonie Algérienne, et au péril de sa vie, recueille 13.000 personnes de confession chrétienne dans sa demeure et celle de ses compagnons. Quatre années après, est née la première convention de Genève. A sa lecture, notamment les articles 5 et 6, le geste de l’Emir à Damas est repris et encouragé: «… tout blessé recueilli et soigné dans une maison… l’habitant qui aura recueilli chez lui des blessés sera dispensé… les habitants du pays qui porteront secours aux blessés seront respectés…».
Lettre de l'Emir Abd El-Kader à Eynard ,au lendemain des évènements de Damas
Quant à ce que vous me dites cher ami,de ce que les journaux ont appris de moi ,je vous dirai que si peu de choses que ce soit ,je possède un grand zèle,une tolérance portée à un très haut degré ,ce qui fait que j'ai de la considération pour tous les hommes de quelque croyance et de quelque religion qu'ils soient ;Je vais même mettre jusqu'à protéger les animaux et je ne cherche pas à faire du mal à qui que ce soit ,mais je désire ,au contraire ,leur faire du bien ;Dieu a créé les hommes pour en faire des serviteurs à lui et non aux autres ,mais je vois malheureusement qu'à l'époque ou nous sommes, ceux qui sont chargés de les gouverner en font des esclaves pour eux ,Au lieu de porter secours au pauvre et de protéger la veuve et l'orphelin ,ils s'emparent de leurs biens et ils servent pour satisfaire leurs caprices .
Abdelkader Ben Mehieddin El Hassani
En conclusion, en consultant les quatre conventions de Genève, on sent planer l’esprit du décret de 1843, des évènements de 1860 et des différents actes humanitaires de l’Emir Abdelkader en faveur des prisonniers. Par sa pensée comme par son action, l’Emir a démontré à juste titre l’universalité des valeurs sur lesquelles repose le Droit international humanitaire