Les Juifs d'Algérie / ...2000 ans d'existence... ( 1 )

15/08/2014 19:12
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Aissa Chenouf

Les Juifs d'Algérie / ...2000 ans d'existence...     

ÉDITIONS EL MAÂRIFA

 
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Chouya lecture: 2000 ans d´histoire juives en Algérie
Vidéo
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Biographie de l'auteur:
 
                 Journaliste professionnel, il a fait ses premières classes au quotidien El-Moudjahid. Puis, a collaboré dans plusieurs titres de la presse indépendante. Il dit, découvrir dans le monde de l'édition « des sensations magiques comme celles que j'ai connues il y a vingt ans dans une salle de rédaction ».
 
« Quand l’histoire n’éclaire pas l’esprit, l’homme marche dans les ténèbres »
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Avant - propos
Quand l'éditeur me fit part de son intention de passer un coup de projecteur sur l'histoire des juifs d'Algérie, j'avoue que je fus surpris de sa proposition. Vingt ans de carrière dans le journalisme, la presse écrite particulièrement interrompus par une lonqgue période d'arrêt, ne m'ont jamais procurés autant de mystère dans l'investigation que le fut cette extraordinaire aventure de l'ouvrage. Sans hésitation, je me lançais à la découverte d'une histoire qui nous est interdite. Interdite depuis l'école primaire jusqu'à l'université.
 
A ma connaissance, il n'existe pas dans nos universités de filières spécialisées dans l'étude du judaïsme, encore moins des travaux de recherche afférent à ce sujet. Et de documentation, il n'en existe qu'avec parcimonie, sans que la curiosité puissent étancher sa soif face au nombre réduit d'ouvrages à consulter sur place dans la salle de la bibliothèque nationale.
 
2000 ans d'existence ! c'est le temps passé par les juifs au Maghreb. Leur volume temporel est extrêmement significatif pour toutes les ressemblances des us et coutumes avec les arabes. L'ouvrage y consacre un chapitre, et la lecture de certains passages sur les traditions, on s'écrirait : « Mais cela se passe ainsi chez nous ! ».
 
L'aspect le plus important est celui relatif à une « lecture juive de leur histoire ». En ce sens que nous n'avons pas mis la main sur des écrits juifs, rédigés par des arabes. Chez nous, cette littérature bien chétive est sujette à une somme de restrictions.
 
Ce travail de compilation sur des oeuvres écrites par les juifs nous permet de dépoussiérer l'histoire d'un continent : l'Afrique du nord. Il pose pour les gouvernements un de ses plus sensibles sujets qui font son histoire et sa mémoire, à un moment où cette fin de siècle interdit le silence autour de l'histoire des peuples. Les vérités doivent être écrites, dites, chantées, célébrées, immortalisées. 
 
En jetant une chape de plomb sur notre histoire, nous ne faisons que nous préparer à nous livrer pieds et poings liés aux magiciens de la plume qui se chergerons de dire pour nous ce qui leur plaira d'écricre. Comme nous savons aujourd'hui que pour des raisons « historiques », de nombreux faits de la révolution ont été éludés pour mieux faire l'impasse sur les véritables héros du mouvement national et de la guerre de libération. Beaucoup de choses ont été ensevelies au nom de la culture de l'oubli. Dans cette logique, si des célébrations ont été omises dans l'ordre des citations, il est tout à fait normal qu'il en soit ainsi pour le cas des juifs d'Algérie.
 
C'est déjà si gênant d'en parler... Cette fin de siècle exige pourtant un retour aux grandes vérités de l'histoire. Pour que le prochain millénaire entame son acte de naissance sur des bases saines qui n'hypothèquent pas l'vaenir des peuples.
 
Même si les juifs, tout au long de leur histoire, ont toujours cherché à se défendre et à défendre leur espace vital par la ruse, l'implication, le compromis, on retrouve également parmi eux ceux qui ont collaboré avec la France coloniale et ceux qui ont eu des sympathies pour la révolution. Ces derniers, le GPRA (Gouvernement Provisoire  de la Révolution Algérienne ) leur a donné des assurances après la guerre, les biens et les personnes seront protégés et respectés. C'était une question d'honneur pour les membres du gouvernement provisoire. Mais beaucoup de ces juifs ne sont pas restés...
 
Il est intéressant de noter qu'aujourd'hui, en Israël et ailleurs dans le monde, les juifs nous étudient, nous dissèquent, prélèvent notre histoire. Dans leur laboratoires, ils passent au crible l'histoire de des juifs d'Afrique du nord, et dans leurs écoles. Afin que nul n'oublie, une loi confère à la matière histoire, le plus fort coefficient scolaire : sept. 
 
Parce qu'une partie importante de notre histoire est laissée en jachère, notre histoire peut subir à la guise des décideurs toute l'influence judéo-sioniste - Nos esprits et ceux de nos enfants sont à la merci de cette idéologie. Comme ce fer chauffé à blanc qui subit toutes les torsions que lui donne le forgeron.
 
Revoyons ensemble cet itinéraire des juifs en Afrique du nord. Pour comprendre bien des choses...
 
Deux mille ans d'existence. Une présence soutenue en Afrique du nord. Vingt siècle sur une terre qui leur a tout donné. Et que beaucoup d'entre eux ont abandonné avec regrets.
 
Aujourd'hui, comment, nous, algériens, allons-nous appréhender la question juive ? « Ne faisons pas d'amalgame entre juifs et sionistes », soutient un politicien, leader d'un grand parti Algérien. « Les juifs ont vécu en Algérie, avec nous, en une bonne coexistence. Durant la révolution, certains ont eu des sympathies pour notre lutte armée, d'autres ont collaboré avec la France coloniale. C'est ainsi ».
 
En 1962, pourtant, de nombreuses familles ont préféré rester en Algérie, se sont moulés dans notre société en une sorte de groupes sociaux discrts qui s'accommodent de tous les quotidiens.
 
Un retour sur l'histoire des Juifs nous permet de mieux comprende certaines périodes de notre histoire.
 
Depuis les récits de la TORAH et de la BIBLE, qui situent « le peuple élu » fuyant l'Egypte et sauvé par le miracle de Moïse, l'histoire les mène d'Orient en Afrique du nord où existent déjà les phéniciens...

 

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INTRODUCTION

 
 
Jeudi 18 Novembre 1998 : deux informations sont données par le canal de la radio publique, chaîne trois, dans le journal de sept heures : le ministre de l'information démentait la nouvelle selon laquelle des contacts ont eu lieu entre le ministre algérien des affaires étrangères, et son homologue israëlien... 

Dans la même édition, le journal fait état du décès, la veille, ( c'est-à-dire le 17 novembre ) de « Reinette l'oranaise à l'âge de quatre vingts ans. L'ambassadeur d'Algérie à Paris, a présenté les condoléances à la famille de la défunte en affirmant qu'elle a contribué à l'enrichissement du répertoire arabo andalou en Algérie.».
 
Dans la première information, la nouveauté vient du fait que ce soit le ministre de l'information qui fait état de démenti, sans que la presse écrite indépendante ( la plus au fait des événements ) n'en ait écrit une seule ligne. Nous avons pris le soin de consulter tous les journaux de la période du 10 au 17 novembre. Aucun journal, même public ne parle de contact Algéro-Israëlien à quelque niveau que ce soit. Voulait-on tout bonnement opérer un premier appel du pied à une opération sonde ( comme le pouvoir seul connaît les ingrédients de cette pratique ) en direction de l'opinion ? Certainement... 
 
Dans la seconde information, ce que ne dit pas le journaliste mais que beaucoup dee monde connaît, est que, Reinette l'oranaise, de son vrai nom Reinette Sultana-Daoud est d'origine juive. Cette native de Tiaret fit du Diwan Châabi, un fabuleux motif de fierté une fois en terre française après l'exode de 1962;
 
Demain, on parlera dans la rue, et on lira les journaux que cet enfant de Constantine GASTON-GHERNENASSA ( Enrico Macias est décédé en laissant un patrimoine musical de Cheikh Raymond, son beau père et ami de Mohamed Tahar Fergani, comme une symphonie inachevée. Parce que nous n'aurions pas fait le nécessaire pour donner au répertoire du Malouf le respect de ce genre musical.
 
Que peuvent bien représenter ces deux informations simultanées ? Sont ce des signaux d'ouverture vers des horizons nouveaux ? Parce que cette hypothèse n'est pas à exclure de la nouvelle donne au Moyen-Orient. Qui constitue en fait la plus fidèle température aux types de relations que pourraient avoir une nation arabe avec Israël.
 
Six jours après ces informations, voilà que le mardi 24 Novembre 1998, un coup de tonnerre secoue le ciel de Gaza : c'est l'ouverture officielle de l'aéroport international. Dans son édition du lendemain, le quotidien El Watan, titre, dans dans sa rubrique internationale « Une fenêtre sur le monde ». Dans le coeur de l'article, ces quelques lignes : « C'est un jour historique pour les palestiniens, affirmait le leader de l'O.L.P., YASSER ARAFAT, en accueillant les quatre membres du gouvernement égyptien arrivés dans le premier avion ».
 
Cela augure déjà de l'ouverture de nouveaux espaces économiques dans la région, qui vont radicalement transformer les visions des capitales arabes vis-à-vis du Moyen-Orient qui demeure avant tout un marché très prospère.
 
Pour ce qui nous concerne, écrire sur les minorités juives d'Algérie, a été d'abord une curiosité, ensuite, un défi d'évoquer dans cette œuvre ces populations qui ont vécu au Maghreb depuis maintenant deux mille ans.
 
L'ouvrage que vous avez dans les mains a été très ardu pour sa réalisation. Ardu pour le sujet qu'il traite, difficile pour la passion qu'il véhicule, stressant pour la très chétive documentation relative aux juifs d'Algérie. 
 
Quand vous questionnez votre entourage immédiat sur une possible naissance d'une relation Algéro-Israëlienne, la première réponse que vous obtenez est l'étonnement. Est ce donc un sacré de prononcer ces trois syllabes ?
 
Pourquoi, de l'homme de la rue au politicien féru, toutce qui touche à la notion de juif fait tilt dans les têtes ? Si vous questionnez ces millions de jeunes nés après 1962, ils seront tous étonnés d'apprendre que leurs parents et grands parents ont vécu longtemps aux côtés des juifs dans une atmosphère bon enfant.
 
Après l'étonnement, une autre expression du visage se lit chez l'individu, c'est cette incapacité de dire pourquoi nos têtes se brouillent dès qu'on parle des juifs.
 
Est-ce là une résurgence d'une adversité qui puise ses racines très loin dans l'histoire ? Certainement, feront observer ceux qui font de l'histoire leur gisement aux valeurs sélectives. 
 
La cohabitation avec les juifs, une hérésie ? « Oui, car à partir du moment où ils occupent encore les leiux saints d'El-Qods, Jérusalem, ils sont ennemis. L'objectif demeure donc la destruction systématique de ces gens ».
 
« Tyrans ou tyrannisés, je suis avec le peuple palestinien », soutenait de son vivant feu Houari Boumediène.
 
C'est cet état d'esprit qui prévalu. Qui n'est pas unanime. En voilà des ingrédients avec cet argumentaire d'un chercheur.
 
« La société, selon lui, a été « travaillée au corps » par des courants différents qui ont fait appel à des support idéologiques pour dénaturer et détruire l'image du juif ».
 
Celle-ci a été inoculée dans le conscient collectif. « Lihoud hachakoum », lihoud hacha dine Mohamed ».
 
« Avant 1960, le juif ne posait pas problème. Dès 1963, le président Ben Bella avait besoin d'exutoire pour son pouvoir. Il avait ainsi opté pour le kabyle, ce fut alors le maquis d'Ait Ahmed et la naissance du FFS ».
 
En octobre 1967, le revers subi par les armées arabes fait apparaître le spectacle de la société « travaillée » au corps. Le discours officiel ambiant de l'époque martelait les esprits que « l'ennemi Israël, est le colonisateur d'une terre arabe ». En concéquence, la société a déduit « qu'Israël est un état à détruire ».
 
Aujourd'hui, d'autres opinions viennent heurter ces argumentaires. Parce que l'époque actuelle ne correspond plus à des nationalismes exacerbants. Et rigides. On assiste à une décrue de la vindicte que les algériens vouent aux juifs. Les morsures du temps ont fait le reste. Il ne reste sur les rives du destin des peuples que les intérêts. Intérêts économiques, intérêts politiques, sportifs, géographiques, culturels...
 
Des journalistes algériens de la presse indépendante ( El Watan, le Matin ) avaient publié des interviews fracassantes avec des personnalités politiques juives. Nous avons pu remarquer l'intérêt du lectorat pour ce type d'événement qui demeurait le monopole exclusif du pouvoir. Plus tard, un journaliste algérien d' El Watan fut invité ( 1995 ) à pénétrer dans les territoires occupés. Au sein du gouvernement, cette mission inédite a provoqué un mini-séisme.
 
Sur le versant économique, nous savons au moins ceci : les juifs sont de redoutables négociants, au point de parvenir aujourd'hui à détenir les clès de la grosse finance mondiale. Ils ont la main mise sur les transports maritimes, prélèvent de gros intérêts sur les transactions commerciales qu'ils dirigent d'une main de maître - dans le monde arabe et le Moyen-Orient. Ils sont partout où existe l'argent, où circule l'argent, où existent des dividendes. Ils s'intègrent aisément au modèle de la cité où ils sont appelés à vivre.
 
Un ami me faisait rappeler récemment que « si tu permets à un juif de s'installer dans ton village, il suffirait de quelques années à peine pour que ce village soit juif ». Il voulait  en fait m'expliquer que ce sont grandes popualtions de migrants, qu'elles se moulent dans tous les types de société qu'elles adoptent.
 
Les juifs, c'est également la suprématie sur les honorables institutions financières internationales - Banque mondiale, Fonds monétaire international - ainsi que sur les banques américaines et européennes.
 
Bizarrement, la culture populaire renvoie l'image à cet individu au nez crochu où pousse un poil, qui pratique l'usure, qui ne tient pas parole, qui vous trahis à la moindre occasion. On dit de lui ceci : « Lihoudi kilfar, matwarilouche bab eddar » « le juif est comme cette souris, ne lui montre  pas le seuil de ta porte ». 
 
J'oserai débusquer dans l'ouvrage d'un militant du mouvement de la jeunesse, Kamel Bouchama ex-ministre des sports, cette terrible vision de l'histoire :  « Profitons en pour écrire l'histoire avec le maximum de précisions et de probité en ayant à l'esprit ce noble sentiment d'instruire et d'éduquer une jeunesse qui attend beaucoup de nous. Ecrivons la donc avec beaucoup d'honnêteté, sans passion aucune et surtout sans toucher la dignité de quiconque ».
 
La liberté de dire, de laisser son esprit dire, aiguillonne la curiosité humaine, inaugurant le début d'une multitude d'interrogations. Ainsi, chaque action engendrant une réaction, des tabous entiers sont rompus depuis le cataclisme d'octobre 1988. Rien n'est plus comme avant. Même si les fruits de ce bouleversement de l'ordre n'ont été récoltés que des années plus tard.
 
Dans les évolutions des sociétés, l'histoire demeure une valeur sûre. Un repère de représentation et d'identification aussi fort que la religion. Pousser au mépris de cette valeur, c'est dissocier le lien gouvernant - gouverné, rompre la relation entre pouvoir et citoyens. C'est alors que dans son ourecuidante volonté de tout diriger par la cime, le pouvoir va imposer de manière autoritaire la réponse qu'il donnera au peuple. Parce qu'il s'arroge le droit de propriété sur l'histoire. Ainsi nous aurons une lecture juive du pouvoir : qu'elle soit juive, française, algérienne  ...etc. C'est selon. Chaque pouvoir donnera le contenu de « son histoire ». Pour briser ce monopole, d'autres centres d'intérêts vont tenter de remédier à cet état de fait. 
 
Aujourd'hui, la liberté de dire a permis à l'opinion publique d'avoir une bien mauvaise image de certains de nos gouvernants. Parmi eux, cet ex-conseiller du président de la république, général de son époque, ou ministre de la justice laminés cette fin d'année 1998 par une presse écrite indépendante qui tire sa force et sa superbe d'un combat mené dans l'arène de la démocratie. Grâce à elle, l'Algérie a gagné sur plusieurs fronts. Et quelque part, dans certaines loges du pouvoir malmenées par des journaux offensifs à souhait, les esprits les plus rigides et les plus menaçants acceptent dans la douleur ce vent de liberté qui remet en cause bien des privilèges acquis dans l'illégalité.
 
Ainsi, pourrait on parler de la question juive auprès des hôtes du pouvoir sans risque de nous voir rabroués. Oui, dans le patrimoine national, les juifs ont appartenu à l'histoire. Ceci demeureune réalité comme l'a été cette série d'invasion que le pays a connu avec les phéniciens, les vandales, les romains, les turcs ou les français. Cette appartenance aux faits historiques est aussi vrai que nous voyons défiler l'histoire du monde contemporain sans gommer les événements hideux qui ont secoué le monde.
 
Que des familles du nom de BACRI et BOUCHENAK, aient participé à l'invasion française, que les juifs vivèrent séparés des colons avant que certains ne rejoignent les ultras en 1961, qu'ils adoptèrent tout au long de leur installation au Maghreb le mode de vie arabo-musulman, puis plus tard occidental, tout cela appartient aux vérités de l'histoire.
 
Les cacher aux yeux de l'opinion serait mortel. Il est malsain et malheureux, quelquefois très gênant d'entendre encore les autres parler de nous, de notre histoire, de notre identité, de notre personnalité. En bien, ou en mal, nous devons dire cette vérité « même si elle est amère ».
 
L'insupportable est du côté du silence fait de mille silences, qui reçoit en retour du souvenir qu'il tente d'évoquer une mémoire incertaine, qui s'efface au fur et à mesure qu'elle se constitue. Cette trajectoire du destin est la mémoire, héritage qui doit rester comme, trace indélébile. Nulle histoire ne peut être anesthésiée, effacée, gommée. Il nous paraît souvent étrange que toutes nos fêtes nationales se déroulent dans une incroyable tristesse ! Parce que justement, le pouvoir, dans son désir d'imposer par le haut  « son » histoire, se retrouve incapable d'en mesurer le contenu. Ce qui est donné comme officiel n'aucun lien avec la réalité.
 
Cette manière de faire est également une pratique courante chez les autres. Même les juifs, dans dans ce cas de figure vont formuler « leur » histoire selon leur point de vue, qui n'est ppas nécessairement l'histoire que voudrait recencer l'officiel chez nous. La victime, c'est bien sûr le lecteur algérien qui ne trouvera rien sur le marché local du livre concernant les juifs. Une fois de plus, c'est vers le travail des autres que nous nous retournons. Avec tous les risques que cela peut entraîner : laisser chez les autres une partie importante de notre histoire se faire et se défaire au caprice des spéculations. Sans aucune prise en charge, orpheline, soumise aux supputations et déformations.
 
Faut-il rester inactifs ? Ou au contraire écrire et laisser à la postérité. Pour que d'autre plumes prennent le relais.
 
Comme ces lèvres qui demeurent ouvertes. Et qui parlent, qui parlent.
 
Des épisodes bouleversants ont eu lieu durant la révolution. Au jour d'aujourd'hui, l'histoire officielle, celle qui est enseignée et consignée, n'en fait même pas référence.
 
Dommage pour la vérité de l'histoire qui aurait gagné à dérouler son tapis de clarté. Tout est donc fait au profit d'une minorité qui surf sur les cimes du pouvoir. Son idéologie est que le fait du prince domine toute la superstructure. Et tout le génie de ces hommes est de vouloir effacer les mauvais souvenirs de leur vie, de la nation, afin de ne laisser subsister que ce qui est bon pour eux. Commece prisonnier, qui, une fois dehors, élimine tous ses compagnons de cellule, de peur que ces derniers ne le trahissent. Parce que tôt ou tard, il se sait appelé à devenir un personnage clé de la cité. On dira de lui, dans sa biographie, que c'est quelqu'un « d'important.».
 
« Les juifs étaient très intégrés. Ils vivaient avec nous. Même aujourd'hui, cette relation n'a jamais été rompue car ils sont toujours là. Ils sont plus nombreux que nous le croyons. Ils sont avec nous, ils sont nous ». Ainsi, s'exprimait ce sociologue, professeur à l'université. Cela veut dire également que l'histoire des juifs en Algérie n'est pas exempt de trahison, de divisions, de collaboration contre les musulmans. Ce qui est sûr, c'est qu'il n'est pas de notre devoir ni de notre compétence de juger des faits de l'histoire. Je dirai simplement ceci : les choses de l'histoire ont Eté, elles sont, et elles seront. Des personnes crédibles qui pouvaient parler du judaïsme en Algérie ont préféré garder le mutisme absolu en dépit de nos assurance de les protéger de toute publicité.
 
Pour toute la génération née après 1962, il est intéressant de noter si oui ou non les jeunes sont intéressés par les juifs d'Algérie. Seulement par absence de moyens de sondages adéquat, il ne nous est pas possible d'avoir la température des opinions. Un jour peut-être, ce travail fera l'objet d'enquêtes et d'analyses sérieuses.
 
D'une manière générale, l'Algérien ne cherche pasà connaître avec exactitude le nombre de juifs qui vivent en Algérie. On est sûr d'une chose : ils savent qu'ils existent, qu'ils sont algériens, connaissent tout de l'Algérie, mais l'Algérie ne connaît rien d'eux. A Bab El-Oued à quelques dizaine de mètres de la mosquée Essouna ( Fief des islamistes les plus radicaux ) vivent encore aujourd'hui dans une Synagogue des familles juives. Pour les habitants du quartier, ils font partie de leur environnement. Ainsi, on note dans des documents d'archives que des anciens dirigeants du FLN à l'époque de la révolution ont appelé les juifs à rester sur cette terre avec la promesse que leurs personnes et leurs biens seront protégés contre toutes atteintes. Beaucou ont préféré l'exode dès 1962, et plusieurs sont restés.
 
Cependant, si on parle des juifs avec autant de prudence, ou pas du tout; n'est-ce pas par peur de débusquer au détour des menseonges, et de longs mutismes des stratégies de maintien aux privilèges ? Et dans nos têtes résurgit cette lugubre cacophonie  « silence, on gère ! silence, on guide les masses laborieuses ! silence, on pense pour vous ! silence, on manipule pour vous l'argent du pétrole ». L'Algérie n'est pas mûre, elle est mineure. Alors, on pense pour elle.
 
Histoire officielle, artificielle montée de toutes pièces. Un cadre supérieur de l'état me confiait récemment que grâce à ce système, le pouvoir a donné naissance à une class de riches qui n'existe nulle part ailleurs. En quelques années, de fabuleuse fortunes se sont amasées, sans que la loi ne puisse leur dire : « Riche, d'où as-tu eu cela ? » ( dixit Omar Ibn El Khettab ). 
 
Maintenant que les dés sont jetés, comment réagir face à la paix au Moyen-Orient ? 
 
Devons-nous être plus royalistes que le roi ? Cette assertion nous est donnée par plusieurs opinions. Elles estiment que les palestiniens ont accepté la paix, pourquoi pas les autres arabes, plus arabes ? Pourquoi devons-nous être plus arabes que les arabes, plus musulmans que les musulmans ? Un trait de caractère certainement, inné, parce qu'ils nous arrivent quotidiennement de nous comporter les clones des autres cultures : Moyen-Orient, Europe. C'est selon.
 
C'est vrai que l'arrogante puissance des israëliens a eu raison de la pulsillanimité des nations arabes, refroidies par le revers de 1967 et 1973. Cela a fait couler beaucoup d'encre, de larmes.
 
C'est la guerre....
 
Mais ceci doit-il nous faire oublier que les juifs sont encore aujourd'hui d'excellents partenaires des sociétés privées et publiques Algériennes ? D'innombrables relations économiques sont établies avec eux par fax, sans que nous quittons nos frontières.
 
Certains disent éprouver un sentiment de soulagement à ne pas être vu et observé quand des relations amicales, commercial ou professionnelles se nouent avec des juifs loin de nos frontières.
 
Devons-nous, avec les juifs, réagir objectivement, sérieusement, ou négativement et maladroitement en faisant jouer l'élément passionnel ?
 
Il y a trop de haine, trop de passion dans la manière d'nevisager l'analyse du phénomène juif. Ce qui tend inévitablement à déformer les faits, à les dénaturer, et à envisger les éléments d'analyse sous l'angle absolu d'un oeil rétéci.
 
En 1968, le pouvoir lançait des signaux d'apaisement. Le ministre Algérien des affaire étrangères rencontrait à Vienne l'ambassadeur d'Israël, au moment même où le gouvernement comptait parmi ses ministres Ghazali Hidouci, ministre de l'économie...
 
Se posent alors un ensemble d'interrogations qui s'inscrivent dans le « questionnement identitaire », concept élaboré par une équipe de chercheurs du patrimoine.
 
Plonger dans cette lecture pour comprendre des faits d'histoire pour retrouver des repères d'identification, des dates, des événements qui vous permettent de mieux comprendre l'histoire contemporaine. Quelque part vous avez du retrouver un détail qui vous a donné la clé de compréhension de choses qui se passent près de vous.
 
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Documents sonores supplémentaires n'appartenants pas à ce livre comme complément  sur
 
L'exil des Juifs d'Algérie (1962) Guerre d'Algérie 
 
Les Juifs d'Algérie (2/2). 2000 ans d'Histoire sur France Inter de Patrice Gélinet avec Benjamin Stora (historien) 10.11.2006.
« Il est possible d'être à la fois juif et français, tourné vers l'Occident [et trotskyste] et marqué à jamais par l'Algérie. »
(Benjamin Stora)
Ils faisaient partie de ces centaines de milliers d'hommes et de femmes qui, en 1962 ont quitté l'Algérie pour la France. On les appelait les rapatriés mais pour eux, ce mot n'avait aucun sens. Le pays dans lequel ils arrivaient, la plupart d'entre eux ne le connaissaient pas.
Pour ces juifs d'Alger, de Constantine ou d'Oran leur patrie, ils l'avaient laissée derrière eux. C'était l'Algérie où les plus lointains de leurs ancêtres s'étaient installés bien avant les premiers colons français et même, avant l'arrivée de l'Islam.
Et l'on comprend le déracinement que fut pour les juifs d'Algérie l'exode de 1962 et l'émotion qu'ils éprouvent quand ils reviennent en pèlerinage sur les tombes de ceux qu'ils avaient laissés derrière eux il y a plus de 40 ans.
https://sites.radiofrance.fr/franceint...
 
L'exil des Juifs d'Algérie (1962) Guerre d'Algérie 1/2
 
 
 L'exil des Juifs d'Algérie (1962) Guerre d'Algérie 2/2