L’extermination de l’intelligentsia algérienne

13/02/2015 22:58
L’extermination de l’intelligentsia algérienne
Sur le massacre des intellectuels (1993-1998) par les islamistes armés
On peut considérer par convention que la guérilla des islamistes algériens commence effectivement le 13 février 1992, ate de l’attentat de la rue Bouzrina (Casbah, Alger), qui a coûté la vie à six policiers, attirés dans une embuscade. C’est exactement une année et un mois plus tard, soit le 14 mars 1993, que tombe le premier intellectuel (Hafid Sanhadri, cadre du ministère de l’emploi) sous les balles assassines des fondamentalistes armés. Et depuis, les meurtres d’artistes et d’intellectuels se poursuivent jusqu’en 1998, parfois au rythme de plusieurs par mois. C’est ce qui indique l’existence d’un plan préétabli, avec des listes attestées d’intellectuels à abattre, triés en raison de leur disposition critique face à l’idéologie islamiste…
On assiste entre 1993 et 1998 à la mise en exécution d’un véritable projet d’extermination des intellectuels algériens par les islamistes armés, toutes tendances confondues. C’était un « génocide programmé ». On ne s’attaquait pas seulement aux intellectuels francophones, considérés par eux comme une continuation maléfique de la présence française, mais même aux arabophones qui faisaient entendre un son de cloche différent. Un terme d’origine afghane, chargé en valeurs négatives, servait à désigner les membres de l’intelligentsia non islamiste : ce sont des « communistes » (chouyou’iyoune)! Dans l’idéologie islamiste, un « communiste » représente l’ennemi par excellence, un ennemi à la fois puissant et injuste, comme l’étaient les Russes (communistes) pour les Afghans musulmans. Mais c’est aussi un « athée », un « laïque » ou un « apostat », ce qui signifie indistinctement à leurs yeux kâfir (mécréant), méritant d’être exécuté pour délit de mécréance. En plus d’être injustes, apostats et ennemis de la religion (‘adouw allah), ces intellectuels constituent aussi aux yeux des islamistes les « suppôts » les plus objectifs du Tâghout, le pouvoir désigné par le terme de « Tyran ». On se rappelle que la déclaration de djihad d’Ikhlef Cherati ciblait non seulement le pouvoir mais aussi « ses soutiens » et les « partisans de l’occidentalisation » en général. On se rappelle aussi les paroles d’Ali Benhadj, répercutées dans les organes du FIS, qualifiant les journalistes de « judéo-sionistes ».