Mohammed Harbi, ancien militant du FLN

08/05/2015 20:06
Mohammed Harbi, ancien militant du FLN
 

Le Monde.fr Le 19.03.2012

Né en 1933 dans une famille de notables algériens, Mohammed Harbi a été acteur de la lutte pour l'indépendance de l'Algérie. Un engagement dans le mouvement national né dans l'ambiance créée par les événements de mai 1945 en Algérie : les massacres de Sétif, Guelma et Kherrata, villes du Constantinois, victimes d'une répression sanglante après des émeutes populaires.


Mohammed Harbi, l'activisme en France par lemondefr

Il s'engage très tôt au sein du Parti du peuple algérien (PPA), fondé en France en 1937 par Messali Hadj, au sein duquel il a très vite des responsabilités. Dès 1953, il milite en France au sein de l'Association des étudiants musulmans d'Afrique du nord. Après la scission du PPA, qui va donner naissance au Front de libération nationale (FLN), il va exercer des responsabilités au sein du mouvement. D'abord en France, où il sera dès 1957, à 24 ans, le dirigeant de la Fédération de France du FLN chargé de la presse et de l'information.


Mohammed Harbi et le FLN par lemondefr

Mohammed Harbi participe aux premières négociations des accords d'Evian. Après l'indépendance en 1962, il devient conseiller du président Ben Bella. Mais, après le coup d'Etat de Houari Boumediene, il est emprisonné en 1965.
En 1973, il rejoint la France. Historien, il enseigne à l'université Paris VIII et est l'auteur de nombreux ouvrages sur l'histoire de l'Algérie, dont la Guerre d'Algérie en collaboration avec Benjamin Stora, aux éditions Robert Laffont, 2004.
 

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Guerre d'Algérie

Mémoires parallèles

         Description

“ GUÉRIRONS-NOUS ? ”

« La France autrefois, c’était un nom de pays, prenons garde que ce ne soit, en 1961, le nom d’une névrose », écrivait Jean-Paul Sartre dans la préface aux Damnés de la terre de Frantz Fanon. Il poursuivait son raisonnement par cette interrogation : « Guérirons-nous ? » Le philosophe avait raison de poser la question. C’est peu dire que, cinquante ans après, la guerre d’Algérie n’est pas encore entrée dans l’histoire. Dès que l’on évoque ce sujet, les passions reviennent, à coups de comptabilités macabres, de stèles, d’invectives et d’anathèmes. Les camps s’affrontent ou s’ignorent. Si la guerre d’Algérie a dressé une barrière entre l’Algérie et la France encore plus infranchissable que la Méditerranée, celle des mémoires parallèles et du ressentiment, des volontés d’apaisement existent sur les deux rives.

Il n’y a pas une mais des guerres d’Algérie. Un appelé, un officier parachutiste, un militant du MNA, un militant de la Fédération de France du FLN, un maquisard de l’ALN, un enfant algérien, un juif d’Algérie, un pied-noir rapatrié, un activiste de l’OAS, un harki racontent chacun une histoire différente. Et pourtant, il y a bien eu une seule guerre en Algérie. On ne l’appelle comme ça officiellement que depuis 1999. Et ce fut une « sale guerre ». Elle a opposé une poignée de nationalistes à l’Etat français, tous gouvernements confondus, sûr du rôle positif de la colonisation et empêtré dans une injonction contradictoire : répondre au souhait d’indépendance des Algériens dans un contexte mondial de décolonisation et gérer le destin du million d’Européens vivant dans le pays depuis fort longtemps. Quand commémorer la fin de la guerre d’Algérie ? Encore faut-il savoir quelle date choisir… Celle des accords d’Evian, le 18 mars 1962, paraîtrait raisonnable. Côté français et côté algérien, c’est celle du cessez-le-feu qui intervient le lendemain. Mais cette date ne marque pas malheureusement la fin des hostilités, et c’est bien le problème. Suivront la folie meurtrière de l’OAS, la crise du FLN, l’exode dramatique des pieds-noirs et le massacre honteux des harkis abandonnés par la métropole. Sans repentance et sans amnésie, force est de reconnaître qu’il n’y a pas d’équivalence de la violence qui renverrait dos à dos les deux adversaires. Le prix humain payé par l’Algérie pour son indépendance est dix fois plus élevé que celui que la France a consenti pour tenter de maintenir son pouvoir sur la colonie.

Alors, comment commémorer la fin de la guerre d’Algérie ? Si on se prend à rêver en cette année du cinquantenaire du cessez-le-feu en Algérie, on aurait aimé une « paix des braves », comme aurait dit le général de Gaulle. Une visite officielle du président de la République française à Alger marquée par une poignée de main avec son homologue algérien devant des vétérans des deux camps, des colloques, des échanges d’archives, pourquoi pas un monument franco-algérien à Alger et un autre à Paris, et ensuite, au 14-Juillet, un défilé des troupes algériennes aux côtés de leurs anciens adversaires français sur les Champs-Elysées ? La guerre des mémoires aurait fait place au temps de l’histoire. Mais soyons patients, le temps de la guérison approche.

Michel Lefebvre

Date de parution : février 2012.

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