Réflexions en vue d’un système éducatif plus performant pour tous les enfants

26/08/2014 22:34

 

Centre d'étude et de défense de l'école publique

Réflexions en vue d’un système éducatif plus performant pour tous les enfants

Depuis plusieurs mois, le CEDEP réfléchit à l’avenir de l’enseignement public en Communauté française. Le présent document constitue l’état actuel de cette réflexion menée en commun par ses associations membres :
--  Association des Enseignants Socialistes de la Communauté française de Belgique (AESF)
--  Association des Professeurs issus de l’ULB (A.Pr.Br.),
--  Centre d’Action Laïque (CAL),
--  Centre d’Etudes Charles Rogier (CECR),
--  Centrale Générale des Services Publics (CGSP - Enseignement)
--  Conseil des Pouvoirs Organisateurs de l’Enseignement officiel neutre Subventionné (CPEONS)
--  Fédération des Amis de la Morale Laïque (FAML),
--  Fédération des Associations de Parents de l’Enseignement Officiel (FAPEO),
--  Ligue de l’Enseignement et de l’Education Permanente (LEEP),
--  Syndicat Libre de la Fonction Publique (SLFP - Enseignement).
L’Association des Directeurs de l’Enseignement Officiel (ADEO), membre du CEDEP depuis le 16 mars 2010, souscrit également à ce texte.

Introduction

Tout travail prospectif se fait en fonction d’objectifs qui relèvent en partie de l’utopie. Tout progrès pédagogique a toujours fonctionné sur ce modèle.
Le présent document propose une réflexion sur l’état actuel de notre système éducatif en Communauté française et une série de principes non exhaustifs à mettre en œuvre afin de le rendre plus égalitaire et plus performant.
Par ce document, le CEDEP souhaite définir une base commune à ses 11 associations membres pour promouvoir ensemble les réformes nécessaires.
Les méthodes pédagogiques doivent être radicalement transformées pour remédier efficacement aux difficultés d’apprentissage des élèves, éviter les redoublements et viser l’excellence pour tous, tout en renforçant le rôle global de socialisation de l’école. Il s’agit notamment de remplacer l’esprit de compétition et de sélection par un esprit de coopération entre élèves, enseignants, écoles et réseaux, en vue d’atteindre réellement les objectifs éducatifs qu’un service public d’enseignement doit se fixer pour tous les élèves.
L’organisation concrète de cette coopération ne peut se faire en ordre dispersé : elle nécessite une vision claire des objectifs à atteindre et la collaboration de tous les acteurs pour y parvenir.
La mise en commun des ressources humaines et matérielles dans le cadre d’un service public unifié regroupant tout le système éducatif permettrait de dégager les moyens nécessaires pour répondre concrètement aux problèmes inventoriés.
La réforme globale que nous appelons de nos vœux ne pourra pas se faire du jour au lendemain : elle nécessitera un travail préalable de préparation, d’appui et de formation des enseignants, de réorganisation du système éducatif une transformation progressive des réseaux et un travail de longue haleine dans toutes les écoles qu’il faudra commencer aussi tôt que possible, dans un maximum d’écoles volontaires, afin d’expérimenter et d’évaluer en vue de généraliser.
Pour réussir, la réforme devra être construite sur le long terme, mobiliser toutes les énergies et les bonnes volontés disponibles, et être conduite dans la continuité, sur la base d’un accord politique stable résultant d’un large débat démocratique en Communauté française, au sein non seulement de ses milieux politiques, mais aussi de la société tout entière.

“ L’utopie est le principe de tout progrès ”

(Anatole France)

Avant-propos

 
Les membres du groupe de travail représentant les associations constitutives du CEDEP ont élaboré le présent projet dans le souci majeur des jeunes et en voulant réaménager l’école pour qu’elle soit une, ouverte à tous, égalitaire et résolument officielle !
La mission de l’école est avant tout de former des citoyens et des citoyennes, bien dans leur tête et dans leur corps, épanouis, prêts à voir leur avenir avec confiance et détermination et maîtrisant un certain nombre de concepts, de savoirs et de méthodes de travail.
Des citoyens capables de construire cette société que nous voulons plus juste et plus solidaire. Des citoyens libres, autonomes, émancipés.
Pour ce faire, l’école doit leur donner les outils qui leur permettront de développer leur capacité d’analyse, leur esprit critique, leur volonté d’apprendre, d’échanger et de s’investir dans des projets individuels et collectifs.
Cette école dont rêvent les laïques ne doit pas être le seul lieu éducatif ;  les copains, les lieux de loisirs la famille, façonnent aussi le jeune en devenir. C’est de la pluralité des espaces d’éducation que peut naître une vision globale d’un monde où chacun et chacune aura sa place à part entière. L’école se doit donc de prendre en compte tous les lieux et réalités de vie et de “ rassembler ” tous ces savoirs que l’enfant et le jeune auront glanés ci et là. D’où l’importance de la reconnaissance par les équipes éducatives de l’ensemble des formes de culture.
Cette école humaniste n’a donc pas pour unique mission de former des “ travailleurs ”, mais des femmes et des hommes dotés d’une culture générale, et d’une solide maîtrise des connaissances de base tant en mathématique, qu’en français, en science qu’en technologie. Il s’agit davantage d’apporter des méthodes d’apprentissage et le goût de la découverte que d’aligner des savoirs qui ne feraient pas sens dans l’environnement du jeune.
Formons des hommes et des femmes curieux du monde, de l’autre et animés par le désir de progresser.
Les employeurs tant des secteurs publics que privés ont de leur côté pour mission d’assurer le suivi de la formation initiale pour doter ces travailleurs des compétences complémentaires techniques, scientifiques ou autres, spécifiques à leur métier, sachant que l’individu peut être amené aujourd’hui
à changer radicalement d’orientation professionnelle à plusieurs reprises au cours de sa vie.
Néanmoins, il est envisagé qu’au-delà d’un tronc commun les jeunes soient formés ultérieurement pour atteindre les compétences nécessaires au métier ou aux études supérieures qu’ils auront choisis.
Les membres du groupe de travail représentant les associations constitutives du CEDEP ont élaboré le présent projet dans le souci majeur des jeunes et en voulant réaménager l’école pour qu’elle soit une, ouverte à tous, égalitaire et résolument officielle !
La mission de l’école est avant tout de former des citoyens et des citoyennes, bien dans leur tête et dans leur corps, épanouis, prêts à voir leur avenir avec confiance et détermination et maîtrisant un certain nombre de concepts, de savoirs et de méthodes de travail.
Des citoyens capables de construire cette société que nous voulons plus juste et plus solidaire. Des citoyens libres, autonomes, émancipés.
Pour ce faire, l’école doit leur donner les outils qui leur permettront de développer leur capacité d’analyse, leur esprit critique, leur volonté d’apprendre, d’échanger et de s’investir dans des projets individuels et collectifs.
Cette école dont rêvent les laïques ne doit pas être le seul lieu éducatif ;  les copains, les lieux de loisirs la famille, façonnent aussi le jeune en devenir. C’est de la pluralité des espaces d’éducation que peut naître une vision globale d’un monde où chacun et chacune aura sa place à part entière. L’école se doit donc de prendre en compte tous les lieux et réalités de vie et de “ rassembler ” tous ces savoirs que l’enfant et le jeune auront glanés ci et là. D’où l’importance de la reconnaissance par les équipes éducatives de l’ensemble des formes de culture.
Cette école humaniste n’a donc pas pour unique mission de former des “ travailleurs ”, mais des femmes et des hommes dotés d’une culture générale, et d’une solide maîtrise des connaissances de base tant en mathématique, qu’en français, en science qu’en technologie. Il s’agit davantage d’apporter des méthodes d’apprentissage et le goût de la découverte que d’aligner des savoirs qui ne feraient pas sens dans l’environnement du jeune.
Formons des hommes et des femmes curieux du monde, de l’autre et animés par le désir de progresser.
Les employeurs tant des secteurs publics que privés ont de leur côté pour mission d’assurer le suivi de la formation initiale pour doter ces travailleurs des compétences complémentaires techniques, scientifiques ou autres, spécifiques à leur métier, sachant que l’individu peut être amené aujourd’hui
à changer radicalement d’orientation professionnelle à plusieurs reprises au cours de sa vie.
Néanmoins, il est envisagé qu’au-delà d’un tronc commun les jeunes soient formés ultérieurement pour atteindre les compétences nécessaires au métier ou aux études supérieures qu’ils auront choisis.
L’école doit tout mettre en œuvre pour permettre à tous les enfants d’avancer à leur rythme tout en atteignant les objectifs les plus ambitieux. Ce faisant, l’école ne contribuera plus à l’exclusion et ni à l’élitisme social.
Pour réussir cette mission, il faut d’abord axer la formation des maîtres sur cet objectif et donc anticiper à ce niveau la réforme de l’éducation que nous souhaitons. A nouveau, “ l’être ” doit précéder le “ savoir ” et “ l’avoir ”.
Les enseignants doivent encore davantage être capables de déceler la richesse que recèle chaque enfant et de disposer des moyens de la valoriser, non seulement pour lui permettre de s’épanouir individuellement, mais également de favoriser l’épanouissement collectif, dans sa classe comme dans son entourage.
Les chemins possibles pour arriver à cette école où les plaisirs d’apprendre et de grandir seraient les priorités, sont nombreux.
Dans le texte qui suit, des hypothèses sont formulées, des intentions sont énoncées. Elles ont le mérite de représenter un dénominateur commun des associations constitutives du CEDEP. Ce texte ambitieux est à lire comme la base d’une refonte du système scolaire dont chaque axe pourra, devra faire l’objet d’échanges importants au sein des associations pour dégager des pistes opérationnelles communes.

Principes

       ●   Réorienter

       ●   Unifier

       ●   Transformer

Réorienter

Remplacer la peur de l’échec par la soif d’apprendre

Dans cette optique, les élèves et les parents doivent être dûment informés de leurs responsabilités et impliqués. Si chacun est bien convaincu que le rôle de l’enseignant est d’abord d’aider l’élève à se développer et s’émanciper, les relations entre les professeurs et les élèves deviendront plus solides les enfants et les parents respecteront davantage les enseignants et la collaboration avec ces derniers en sera améliorée.
Les enseignants doivent pouvoir jouir d’une large autonomie dans l’exercice de leur mission. L’important, c’est la réalisation des objectifs généraux fixés par le décret “ missions ”.

Un dépistage précoce des difficultés

Une détection précoce et systématique des troubles de l’apprentissage et des handicaps divers doit être mise en place :

○ →  dépistage précoce des difficultés des élèves et leurs causes ( dyslexie, défauts de prononciation, dyscalculie, dysorthographie… )

○ →  présence de psychologues et de logothérapeutes dans les écoles aux côtés d’assistants scolaires, d’infirmières, d’enseignants spécialisés.

○ →  sensibilisation et formation des enseignants à déceler très tôt les problèmes et à mettre en œuvre une pédagogie adaptée.

Un soutien spécifique aux élèves qui maîtrisent insuffisamment le français

Les élèves qui maîtrisent insuffisamment le français devraient être plongés dans un bain linguistique jusqu’au moment (en général un an) où ils peuvent suivre leur scolarité, idéalement avec des élèves du même âge.

Le nombre important d’immigrés (un sur deux à Bruxelles) ne peut pas être une raison pour reléguer ces enfants vers des filières inadaptées.

Un véritable tronc commun jusqu’à la fin du 1er degré, prolongé progressivement jusqu’à la fin du 2e degré  

Chaque enfant doit pouvoir s’appuyer sur une solide base de compétences, et une connaissance suffisante de lui-même, de ses aspirations et de ses capacités, avant de choisir une orientation, ce qui n’est généralement le cas qu’à partir de 16 ans.
Il doit être initié à toutes ses potentialités afin de pouvoir choisir son orientation en connaissance de cause, sans être influencé par l’image de certaines professions, par les aspirations des parents ou par les filières organisées par l’école.
C’est pourquoi l’enseignement devrait être organisé progressivement en un tronc commun sans filières jusqu’à 16 ans. La musique, les arts plastiques, la créativité, l’éducation à la santé, à la citoyenneté, la gestion de la quotidienneté, le travail technique et manuel devraient également faire partie du tronc commun pour tous les élèves, garçons et filles. Il s’agit de transmettre à chacun les outils indispensables pour assurer l’entrée dans la vie active.
Ce tronc commun pluridisciplinaire devra permettre à chacun d’acquérir, au rythme qui lui convient, et en bénéficiant d’une aide individuelle ou collective immédiate en cas de difficultés, les connaissances et les compétences nécessaires pour poursuivre au 3e degré dans l’enseignement qualifiant ou l’enseignement de transition (technique ou général).
Il lui permettra également de devenir un citoyen à part entière et de prendre les décisions qui affecteront sa vie. Il évitera l’orientation précoce, la relégation vers des filières inadaptées ou l’exclusion vers des écoles “ plus faciles ”.
Tous les enfants (autochtones ou d’origine étrangère) doivent disposer de chances égales face à toutes les possibilités qu’offre l’enseignement obligatoire.

Une évaluation positive

La pratique de l’évaluation devrait être basée sur le souci de valoriser ce que l’élève sait plutôt que de sanctionner ce qu’il ne sait pas.
Une évaluation positive évalue ce qui est acquis et ce qui reste à acquérir, et non un manque, ou une faute.
Il faut changer ce caractère compétitif et sélectif angoissant de notre manière d’évaluer en la transformant en un véritable outil éducatif pour l’élève et un tableau de bord pour l’enseignant.