TAOS AMROUCHE

21/11/2017 20:46

TAOS AMROUCHE

 

 

Marie-Louise, en littérature : Marguerite-Taos, puis Taos Amrouche, naquit à Tunis le 4 mars 1913 et mourut à Saint Michel-L'observatoire, le 2 avril 1976. Sa famille était originaire d'Ighil Ali, en Petite Kabylie : le père Belqasem, et la mère, Fadhma La jeune Taos fit ses études primaires et secondaires en Tunisie et, après avoir obtenu son brevet, elle se rendit à Paris, avec l'intention de faire des études supérieures, mais elle renonça à son projet. Elle retourna en Tunisie et, en 1935, elle commença Jacinthe noire, roman qui ne devait paraître qu'en 1947 et qui raconte son expérience de jeune femme, qui tout en rêvant de s'intégrer dans la communauté française refuse l'assimilation.

A cette époque également, Taos avait commencé à recueillir de sa mère les chants berbères que son frère Jean El-Mouhoub Amrouche devait traduire. Dans son ouvrage autobiographique, Fadhma écrit : «(...) Cette époque oppressante de l'avant-guerre avait été éclairée par une œuvre qui nous tint en haleine pendant des mois, Taos, Jean et moi : la fixation en langue française des chants berbères hérités des ancêtres qui m'avaient permis de supporter l'exil et de bercer la douleur». Taos avait une voix exceptionnelle et, tout en aspirant à faire carrière dans la littérature, elle voulait interpréter les chants que sa mère lui avait appris.

Elle se présenta au Congrès de chant de Fès, au Maroc, et obtint une bourse d'études à la Casa Velasquez, en Espagne. Elle y résida pendant deux années, donnant des récitals et poursuivant des recherches sur les survivances berbères dans la musique espagnole. C'est à la Casa Velasquez qu'elle rencontra et épousa le peintre André Bourdil. De cette union naquit une fille, Laurence, qui devait se consacrer à la comédie.

De retour d'Espagne, le couple s'installa à Tunis, puis à Alger avant d'opter définitivement pour la France, en 1945. Taos entra à la radiodiffusion où elle anima des émissions sur la musique et la tradition orale et enregistra des entretiens avec des écrivains comme Jean Giono et Joseph Peyre. Elle s'occupa aussi, de 1957 à 1963, d'une chronique hebdomadaire en langue kabyle. Dès 1954, elle commença à se faire connaître à Paris, mais c'est le grand récital de 1964, à la salle des concerts du Conservatoire et celui de 1965, à l'église Saint Severin qui établirent sa notoriété.

A partir de là, elle fut sollicitée de toutes parts : en France, en Italie, en Allemagne... Le président du Sénégal, Léopold Sedar Senghor, l'invita au Festival des arts nègres de Dakar, en 1966. Seule l'Algérie lui ferma ses portes, lui refusant notamment de participer au premier Festival culturel panafricain.

Elle en fut très peinée, ainsi qu'elle l'écrivait dans le journal le Monde du 17 Juillet 1969, elle fit néanmoins le déplacement à Alger et chanta pour les étudiants de l'université d'Alger.

Ce fut l'occasion pour elle de reprendre contact avec le pays et de rencontrer des militants de la langue et de la culture berbères. De retour en France, elle se rapprocha de la communauté émigrée kabyle et tenta de la sensibiliser aux problèmes linguistiques et culturels. Elle participa aussi à la fondation de l'Académie berbère, à Paris.

Durant les années qui suivirent, Taos multiplia les concerts : Nanterre (1966, 1969), Venise (1970), Mohammadia, au Maroc, à l'occasion du colloque d'islamologie, Gestaadt (1972)... La mort, survenue, en 1976, arrêta cette carrière fulgurante.

L'œuvre musicale enregistrée comprend plusieurs titres : Chants berbères de Kabylie (Grand prix du disque, 1967), Chants de processions, méditations et danses sacrées berbères (1967), Chants de l'Atlas (1971), Chants espagnols archaïques de la Alberca (1972), Incantations, méditations et danses sacrées berbères (1974), chants berbères de la meule et du berceau (1975).

Comme écrivain, Taos Amrouche a été la première femme algérienne à publier, en 1947, un roman, Jacinthe noire. Son deuxième roman, Rue des tambourins (1969) et le troisième, L'amant imaginaire (1975) sont lare ment autobiographiques.

Un quatrième roman, Solitude ma mère, a été publié, à titre posthume, en 1995. Son œuvre maîtresse, Le grain magique (1966) est un recueil de contes et de poèmes qu'elle tenait de sa mère.