VIOLENCES ET TRANSMISSIONS TRANSGÉNÉRATIONNELLES : VERS LA RECONNAISSANCE DU PRÉJUDICE HISTORIQUE

09/12/2018 18:24

VIOLENCES ET TRANSMISSIONS TRANSGÉNÉRATIONNELLES : VERS LA RECONNAISSANCE DU PRÉJUDICE HISTORIQUE

Cette communication a été prononcée dans le cadre du colloque international Justice, Vérité & Résilience(s) qui s'est tenu à Caen les 23 et 24 novembre 2018. Ce colloque, porté par la MRSH, a été organisé dans le cadre du dispositif Normandie pour la Paix impulsé par la Région Normandie, avec le soutien de l’Institut Demolombe, de Caen la Mer et de l’Université de Caen et en partenariat avec l’Institut Universitaire Varenne.

 

Nourrir la paix durable suppose de lever le voile sur le silence qui recouvre une réalité souvent peu avouable. L’expérience de cette forme atypique de recherche de justice, nommée « justice transitionnelle », a été ouverte par Nelson Mandela, avec l’instauration des Commissions Vérités et Réconciliation en Afrique du Sud. Ce colloque international a pour ambition de réunir des acteurs clefs de commissions s’étant tenue sur divers continents. Une réflexion sera menée sur la question de la protection des défenseurs de l’environnement qui subissent des exactions à travers la planète. Sera également abordée la question du rôle des tribunaux d’opinion portés par la société civile.

 

Kelly Picard a mené une thèse de doctorat en droit afin de s’interroger sur la possibilité, pour des faits historiques, de générer une situation préjudiciable plusieurs décennies après leur survenance au point d’en faire découler une responsabilité juridique spécifique. Elle a ainsi proposé une conceptualisation de la notion de « préjudice historique » et du régime juridique qui lui serait potentiellement applicable. Sa thèse conçoit la défaillance de la justice rendue consécutivement à une situation de violences extrêmes comme susceptible de générer un préjudice historique. Plus généralement, Kelly Picard mène une réflexion sur l’impuissance du droit en dehors de ses mécanismes habituels pour appréhender certaines réalités sociales et sur la nécessité de développer de nouveaux moyens afin d’y remédier.

 

Résumé de la communication

 

Pourquoi et comment s’opère la transmission transgénérationnelle des violences extrêmes ? Qu’est-ce que le « préjudice historique » ? Après quelques éléments introductifs relatifs à la notion de justice transitionnelle – mobilisée en réponse à des phénomènes de grande violence – il s’agira d’exposer les enjeux de la mise en œuvre de cette justice afin de prendre conscience des risques et des difficultés qu’elle emporte ainsi que de ses limites. Du processus de justice mené, résultera un éventuel préjudice historique. Subir des violences assimilables à un crime contre l’humanité ou de génocide, c’est-à-dire constitutives d’un « déni d’humanité », puis subir en réponse une absence, une insuffisance ou une instrumentalisation de la justice, soit un « déni de justice », constituent un cocktail traumatique explosif au sein d’une société. La rancœur, la colère et la frustration générées par une telle situation vont se transmettre au fil des générations, au risque de conduire à un nouveau cycle de violence.